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La France dichotomique [PM]

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Villes-monde contre France périphérique. Cette fracture entre une France profitant de la mondialisation et une autre qui, au contraire, la subit lourdement, laisse les politiques, obnubilés par leurs intérêts électoraux, sans solutions.

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En France – comme ailleurs dans le monde – se dessine une nouvelle carte des territoires. Ou plutôt, une recomposition des territoires selon un schéma qui devient la norme. De quoi s’agit-il ? Justifiée il y a quelques décennies, l’opposition classique entre urbain et rural est aujourd’hui dépassée.

Les études sociologiques et démographiques les plus récentes mettent en effet en lumière la fracture qui sépare désormais les territoires économiquement dynamiques des « villes-monde », ces métropoles intégrées à la mondialisation et productrices de richesses, et ceux des petites zones urbaines ou périurbaines frappées de plein fouet par la désindustrialisation et inadaptées à l’époque.

Les premières sont peuplées de couches sociales supérieures occupant les emplois les plus qualifiés et d’immigrés, ou de Français de fraîche date, occupant des métiers de service ; les secondes, éloignées des bassins d’emplois, sont socialement fragilisées et occupées par des classes moyennes et populaires en voie de paupérisation. Ces déséquilibres socio-territoriaux fabriquent un nouvel habitus : selon l’endroit où nous naissons et où nous habitons, les perspectives de vie, du cursus scolaire à la carrière professionnelle, ne sont pas les mêmes. C’est, en quelque sorte, « dis-moi où tu vis et je te dirai quel sera ton avenir » : un véritable déterminisme territorial !

Telle est la réalité française d’aujourd’hui brillamment analysée par le géographe Christophe Guilluy dans des livres aussi roboratifs que percutants (Fractures françaises, paru en 2010, La France périphérique, paru en 2014). L’auteur, issu des rangs de cette « gauche républicaine » en voie d’extinction, déconstruit ainsi le mythe de l’égalitarisme républicain dont il ne cesse, par ailleurs, de vanter les mérites. Cet égalitarisme qui aurait, dans le passé, garanti à tous un standard de vie à peu près homogène ou, a minima, la possibilité d’y accéder. Mais ça, c’était avant.

« Pour la première fois dans l’histoire contemporaine, l’ascension sociale est de plus en plus faible », écrit ainsi le géographe. Un constat largement partagé par la sociologie contemporaine. Selon Louis Morin, directeur de l’Observatoire des inégalités : « Les revenus des plus défavorisés diminuent désormais. Du jamais vu depuis les années 1970. Il s’agit d’un tournant historique. » En d’autres termes, les générations actuelles et futures des catégories populaires auront un niveau de vie inférieur à celui de leurs aînés. Fracture encore. Christophe Guilluy avance une explication à cette paupérisation des plus modestes : la mondialisation, dont le réseau globalisé intègre les métropoles – c’est la « mondialisation heureuse » – mais exclut les zones périurbaines qui subissent de plein fouet les effets de la « mondialisation malheureuse ».

« Le marché de l’emploi des grandes agglomérations n’a cessé de se spécialiser vers les secteurs de l’économie qui demandent le plus de qualification. Mécaniquement, les habitants peu qualifiés se trouvent, peu à peu, marginalisés sur le marché de l’emploi », constate le géographe. Dans ces conditions, la misère sociale n’est jamais loin. D’après les sources de l’auteur, en 2010, les fins de mois de 15 millions de personnes se jouaient entre 50 et 150 euros.

L’obsession de la banlieue…
Chômage, précarité, pauvreté. En principe, toutes les conditions sont réunies pour que nos hommes politiques se penchent sur le sort de cette France périphérique d’aujourd’hui, la France populaire d’hier, qui représente 60 % de la population.

Or, depuis 1981 et les émeutes de Vaulx-en-Velin, en banlieue lyonnaise, tous les gouvernements n’ont eu de cesse – quelle que soit leur couleur politique – de subventionner, à grands renforts de milliards d’euros, les banlieues : création des ZEP (1981), délégation interministérielle à la Ville (1988), loi sur la solidarité financière entre les communes (1991), « Plan espoir banlieue » (2008), etc…

Contrairement à ce que l’on dit, ces politiques coûteuses ont produit des effets visibles : remise en état de l’urbanisme, développement des transports en commun, financement d’associations locales et de programmes sociaux. Ainsi, un département comme la Seine-Saint-Denis, dont plusieurs communes sont réputées « difficiles », est infiniment plus riche que la Creuse ou la Lozère, territoires ruraux déconnectés des grands centres urbains.

Mais, « le paysage médiatique [étant] devenu le paysage social de référence », impossible d’échapper à cette surreprésentation de la banlieue. « L’avenir du pays se joue là ! », clamait en 2006 avec enthousiasme un Jean-Louis Borloo ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement.

… et sur ses habitants
S’appuyant sur les travaux du sociologue Dominique Lorrain, qui avait réalisé une étude comparative « sur les investissements publics entre le quartier des Hautes-Noues à Villiers-sur-Marne et un quartier périphérique de Verdun », Christophe Guilluy illustre le déséquilibre entre la banlieue et la France périphérique, en analysant les conditions de vie dans ces deux quartiers où le taux de chômage est élevé. Surprise : dans celui de Villiers-sur-Marne, « classé sensible », le revenu moyen est supérieur de 20 %.

Comparant les investissements publics (programme de réhabilitation, développement des transports…) dans ces deux quartiers, le géographe conclut qu’ils « étaient mille fois plus élevés dans le quartier sensible de Villiers-sur-Marne que dans le quartier de Verdun pourtant socialement défavorisé ! »

Mieux encore. Le Val-de-Marne faisant partie de la région île-de-France, une des plus riches de l’Hexagone, la proximité de ses habitants avec la métropole parisienne leur garantit un accès facile au marché du travail. Ainsi, poursuit Christophe Guilluy, « la seule manière de considérer les récentes politiques de la ville comme des succès est d’accepter l’idée que les rares ascensions sociales en milieu populaire sont aujourd’hui le fait des jeunes issus de l’immigration. »

Ce qui revient à dire que les classes populaires traditionnelles subissent une double peine : non seulement elles sont chassées des métropoles par le coût de la vie, mais elles fuient également leurs proches banlieues à cause du communautarisme qui s’exerce à leur détriment.

Premier enseignement : exclues des bassins d’emplois les plus dynamiques, les couches populaires sont les laissés pour compte de la recomposition du territoire. Deuxième enseignement : ces mêmes couches populaires, refusant la doxa multiculturaliste vantée par la classe politico-médiatique, préfèrent fuir les banlieues ethniques.

Or, on sait que les Français issus de l’immigration sont une cible électorale privilégiée du Parti socialiste et que, délaissant volontairement sa base traditionnelle – ouvriers, employés, professions intermédiaires –, il s’est clairement orienté vers le vote immigré suivant ainsi les préconisations de « son » think tank, Terra Nova. « La France de la diversité est aujourd’hui la composante la plus dynamique, tant électoralement que démographiquement, de la gauche en France », rappelait ainsi Le Figaro en septembre dernier.

Comment prétendre représenter le peuple dès lors que l’on vise clairement certaines communautés choisies en fonction de leurs origines et de leur lieu d’habitation ? N’est-ce pas là un coup de canif à l’esprit républicain – qui, rappelons-le, ne reconnaît pas les communautés –, pourtant invoqué tel un mantra par le PS – ou l’UMP, d’ailleurs – dès qu’il en a l’opportunité ? Une nouvelle fois, les partis politiques vont diviser le pays. Non contents de l’avoir fait sur les questions sociales et économiques, ils sont en train d’ajouter la fracture identitaire à leur passif. Les conséquences seront irrémédiables.

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