À entendre bramer Mélenchon, à écouter Pulvar jeter les hauts cris, à considérer les graves débats qui agitent France Culture et le CSA, on pourrait croire que la France est remplie de conservateurs féroces ayant soumis tout l’appareil d’État à leur bon vouloir et faisant peser sur la population toute l’effrayante rigueur du libéralisme le plus sauvage et de la morale la plus étroite. Mais en fait, non. Non, la France n’est pas gouvernée à droite. Oui, les Français aimeraient bien que certaines idées “de droite”, comme la sécurité (mais depuis quand le fait de vouloir marcher paisiblement dans une rue est-il “de droite” ?!), soient la boussole et le phare de l’action publique ; mais non.
Comme le démontre Pierre de Lauzun, il n’y a aucune droitisation de notre pays parce que les situations sont instables, parce que les notions sont floues, parce qu’il ne suffit pas que des progressistes apeurés d’avoir vu surgir Charlotte d’Ornellas, Gabrelle Cluzel et Eugénie Bastié proclament que la parole est libérée ! sur un air de tocsin pour qu’effectivement les politiques menées soient de droite, c’est-à-dire réellement conservatrices, réellement patriotiques, réellement nationalistes. Cette droite-là est toujours marginalisée, politiquement et intellectuellement.
Et elle risque de l’être encore plus puisque parmi toutes les mauvaises idées accueillies avec ferveur par la gauche, forte de son hégémonie culturelle, il y a le racialisme, ahurissant retour du racisme en politique, ce coup-ci paré non pas des vertus de la science mais de celles de la repentance. Cette vague-ci est pire que les précédentes, et elle progresse comme un raz-de-marée, aucune digue n’étant dressée par Macron, ses ministres, les partis, les élites, tous paralysés à l’idée d’être accusés de racisme par ceux-là mêmes qui sont les plus racistes. Laurent Dandrieu, analysant le livre de Mathieu Bock-Côté, le prouve.
La droite pourrait-elle gagner quand même, dans un sursaut de civilisation ? Après tout, la consommation reine chancelle sur son trône capitaliste et entreprises, marques et politiques commencent à parler de frugalité, de responsabilité, de sauvegarde… Hélas, l’écologie la plus militante mène ce juste combat avec les mauvaises armes. Plutôt que de rééquilibrer, elle rêve de détruire, et la “droite”, si entichée de libéralisme, risque de laisser passer sa chance plutôt que d’affirmer hardiment ce qu’est le bien commun et quel rôle doit jouer le politique : commander aux marchands, non pas leur faciliter la vie. Bref, c’est pas gagné.
Illustration : Renaud Muselier présente sa liste régionale, faire barrage…