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50 ans de dissuasion nucléaire

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50 ans de dissuasion nucléaire

Lors du colloque de novembre dernier, pour le cinquantenaire de notre dissuasion, le ministre de la Défense indiquait que ladite dissuasion donnait au Président de la République « les moyens d’assumer pleinement et en toute souveraineté les responsabilités de la France et de respecter ses engagements internationaux ». En clair, elle lui permet, par exemple, de livrer des navires de guerre aux Russes sans demander la permission à quiconque. Laurent Collet-Billon, délégué général pour l’armement (DGA), s’inquiète, à juste titre, de cette livraison devant les parlementaires : « Il faut agir avec doigté pour que cette affaire ne porte pas tort à nos intérêts à l’exportation : on ne doit pas pouvoir nous reprocher un manque de fiabilité ». Le délégué, qui assure pour l’état la tutelle de toute notre industrie d’armement, sait de quoi il parle.

Ce discours de notre ministre est d’une importance particulière. Sa rédaction porte la marque du général de Villiers, chef d’état-major qui connaît bien le sujet depuis son passage à Matignon, et de Collet-Billon, DGA qui, d’expérience, le connaît mieux que personne. Il n’en est que plus intéressant. Expliquant que nos concepts sont adaptés à la situation, il confirme le maintien des deux composantes de notre dissuasion (Rafale et missiles aérobies, sous-marins et missiles balistiques) et souligne leur pertinence et leur complémentarité opérationnelle. Nous sommes les premiers, et les seuls au monde, à avoir mis en service une tête thermonucléaire totalement fiable sans tirs d’essai. C’est grâce à des concepts novateurs et à une parfaite maîtrise scientifique, confortés par les derniers tirs souterrains de 1995-96 à Fangataufa ; grâce, aussi, à la mise au point de laboratoires géants où la fusion nucléaire d’échantillons représentatifs est décortiquée, où les phases critiques de la mise à feu sont radiographiées et où des calculateurs hyperpuissants vérifient avec certitude le fonctionnement des armes.

A ceux qui voulaient s’en défaire, ce discours percutant rappelle que la composante aérienne ne pèse que 5 % du budget de dissuasion, alors que sa plus-value opérationnelle est considérable. Mieux encore, il annonce sa modernisation et le lancement d’études prospectives pour maintenir sa crédibilité dans 30 ans. Parallèlement, le perfectionnement des missiles balistiques M51 de nos sous-marins se concrétise par étapes. L’échec du dernier tir d’essai au large de la Bretagne ne restera qu’un mauvais souvenir après la révision drastique des processus industriels qu’il a justifiés.

Nos lecteurs doivent être convaincus que ce sont là de bonnes nouvelles : notre système de dissuasion a atteint une maturité conceptuelle, un niveau technique et une pertinence opérationnelle sans équivalent. Et il est strictement national ! Tout cela mérite qu’on en soit fier.

Une école de pensée, ou plutôt une rumeur de popote, dénonce un système hypertrophié qui épuiserait nos capacités conventionnelles. C’est triplement faux : notre système de moins de 300 têtes, et leurs vecteurs de dernière génération, correspond au strict nécessaire face aux superpuissances et aux proliférants. Il ne pèse que le cinquième d’un budget d’équipement qu’il faudrait centupler pour donner à une armée dénucléarisée le même effet dissuasif. Enfin, les dividendes d’une réduction de format seraient immédiatement et légitimement préemptés par Bercy.

Il est donc heureux que nos programmes nucléaires soient quasiment sanctuarisés dans une période à hauts risques où le spectre des « financements innovants », cette cavalerie lourde des budgets militaires, resurgit dans le cheval de Troie des « sociétés de projet ». Nous y reviendrons.

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