Monde
Le retour du Gendarme
Le 24 septembre 2023, le président Emmanuel Macron a décidé le retrait des troupes françaises stationnées au Niger.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Un livre qui fait mal. Très mal. Et qui, vraisemblablement et malheureusement, ne changera rien à rien. Comme d’habitude !
Le monde, l’ONU, la Communauté internationale, l’Union européenne – et ne parlons pas des organisations africaines qui se perdent en palabres – regardent ailleurs et ne jettent qu’un coup d’œil suspicieux, rapide et distrait – avec parfois une indignation momentanée et limitée chez quelques rares politiques et des dénonciations purement verbales d’ONG pour la forme – sur les crimes atroces perpétrés depuis maintenant des décennies dans cette Afrique centrale, livrée à des hordes barbares. Leurs exactions programmées couvrent, en réalité, des intérêts économiques et financiers – miniers surtout, or, diamants, métaux rares et le fameux « coltan » –, prêts à tout pour conserver et accroître leur prodigieuse et lucrative exploitation. Il faut préciser : intérêts essentiellement états-uniens, mais également européens, bien sûr aussi africains, car la complicité se paye fort cher ! L’auteur est explicite et désigne les commanditaires.
L’Ukraine mobilise davantage l’attention ; mais ce qui se passe dans cette malheureuse région du Congo et des Grands lacs est d’une horreur insoutenable. En vérité, tout le monde s’en fout : les femmes, les fillettes peuvent être massacrées, violées, torturées abominablement, pas une vaillante conscience mondiale, antiraciste, féministe, n’osera la moindre réprobation : ça ne fait pas partie du combat ! De même les terribles razzias et massacres dans le Sahel, avec rafles d’enfants et de filles. Répétons-le : on s’en fout dans le beau monde des droits de l’Homme et des luttes intersectionnelles. À part quelques représentants épars d’ONG sans pouvoir. Or, toutes ces abominations relèvent de plans programmés de domination par la terreur de populations entières pour des visées politiques et économiques. L’auteur, Charles Onana, qui a travaillé la question des années durant, le démontre, preuves à l’appui.
La situation au Rwanda, dramatique après la révolte Hutu et le premier « génocide » des Tutsis, a servi de prétexte, dans un esprit de revanche d’abord, puis de conquête ensuite, à Paul Kagamé et ses comparses pour s’imposer en faisant et défaisant les gouvernements. Kagamé a profité de l’occasion (qu’il a peut-être créée) pour prendre en main le Rwanda. Lui et les Kabila, père et fils, ainsi que le trop fameux et particulièrement cruel Laurent Nkunda, chef des milices tutsis en République démocratique du Congo (disparu depuis 2009 car lâché par Kagamé), vont devenir les maîtres de toute cette partie de l’Afrique. Et l’auteur signale les répercussions sur tous les pays d’Afrique, Congo-Brazzaville, République centrafricaine, etc. Cette horrible politique, uniquement d’intérêts, dans le mépris des populations, a été ratifiée, aidée, maintenue au milieu des assassinats par la diplomatie des États-Unis depuis Clinton jusqu’à maintenant et par l’Angleterre avec les moyens appropriés : argent, menaces, chantage, intrusions, conseils, aides militaires plus ou moins discrètes !
La politique française s’est déshonorée dans cette affaire. À la remorque des Anglo-saxons, c’est une quasi-complicité. Chirac qui fut pris entre deux stratégies, Sarkozy, Macron singulièrement qui révèle à chaque fois qu’il intervient en Afrique sa superbe méconnaissance de toutes les questions africaines. Mitterrand, Hollande – malgré leurs préjugés et leur incapacité radicale à poursuivre une politique –, ont eu en cette affaire une vue plus juste, grâce aux militaires qu’ils écoutaient. La diplomatie du Quai d’Orsay fut et demeure pitoyable, avec des prétentieux du genre Gérard Araud dont les avis et les conduites furent toujours marqués de la même absurdité vaniteuse. Et, au bout du compte, des milliers de morts ! Car, pendant ce temps-là, les massacres continuent au Kivu. La préface de Charles Millon ne montre que trop que la France pouvait jouer un rôle bienfaisant mais qu’elle y a renoncé pour des raisons sordides de politique politicienne. On n’en sort pas.