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Russie

Etat des lieux. C’est donc fait, Vladimir Poutine a été élu le 18 mars dernier, président de la Fédération de Russie. Il a même été bien élu.

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Russie

60 candidats déclarés, 11 se présentent au final. Le pouvoir n’a pas ménagé ses peines pour inciter les électeurs à voter, faisant montre d’imagination en installant des bureaux de votes dans les aéroports, pays continental oblige, car on bouge beaucoup en Russie. 67,7 % des électeurs se sont déplacés ; c’est moins que les 70% qui étaient l’objectif déterminé. Mais Vladimir Poutine a été élu, c’était attendu, dès le premier tour avec 76,6% des suffrages exprimés, soit 55 millions de Russes, un record absolu. Une victoire nette donc. Du côté des autres candidats, le communiste arrive premier avec 11,8% et le vieux ténor du nationalisme russe Jirinovsky n’obtient que 5,6%. Une déception, Ksenia Sobtchack n’accumule que 1,7% des suffrages. Retenons néanmoins le nom de la fille de l’ancien mentor de Poutine ; il peut refaire surface dans 6 ans.

Une victoire incontestable à l’intérieur

La victoire de Poutine est donc incontestable. Même Moscou et Saint-Pétersbourg, plutôt rétives, ont largement voté pour lui. Il n’a pas été élu sur un programme. Poutine ne sera plus l’homme des réformes, mais celui de la consolidation de l’héritage. Et il n’est pas mince. Poutine, c’est l’homme de la stabilité retrouvée avant même d’être celui de la puissance réaffirmée. Il faut se souvenir des années terribles, les années 1990 qui furent pires pour la Russie que les années 20 pour l’Allemagne. La Russie a réellement failli disparaitre. La guerre civile était attendue. Deux putschs, dont celui de 1993, en ont montré la possibilité. C’était le temps de la disparition de tout droit, de la monnaie, et l’avènement d’une société du crime. Poutine est le symbole de la dignité retrouvée avec la paix civile. C’est aussi une prospérité, relative certes, mais prospérité tout de même. C’est sur cet héritage à préserver et la stabilité assurée que Poutine a été élu. Son mandat est incontestable. Il a le temps devant lui, six ans ; Trump, Macron, May, Merkel devront affronter le suffrage à nouveau avant le chef d’État russe.

La crise économique et les tensions extérieures ne sont pas absentes des motifs du vote poutinien. Elles sont des maux dont l’expérience du pouvoir – 17 ans – peut prémunir, pense-t-on.

La crise économique est une réalité. La Russie, pays continent de 152 millions d’habitants, est sortie des grandes misères des années 80-90 par une économie de rente, une prospérité de pays sous-développé qui vend son pétrole et son gaz. La renaissance, industrielle ou agricole, n’a pas vraiment eu lieu. L’héritage soviétique était peut-être trop lourd. Plus conjoncturellement, les sanctions et les contre-sanctions ajoutées à la chute des prix du pétrole, ont mis à mal à partir de 2014 la croissance retrouvée. Toutefois les courbes s’inversent. 1,6% de croissance de PIB est attendu, ce n’est pas rien. Mais on est loin des 7 ou 8 points de croissance des premiers mandats de Vladimir Poutine. En outre, l’inflation reste forte (4%) et un chômage officiel de 6% est un chiffre à faire rêver un Français. Pourtant les questions économiques ont été les grandes absentes de la campagne, sauf dans les incantations de l’opposition.

L'ambassade de Russie à Paris : quatre diplomates ont été expulsés par la France. Politique magazine

L’ambassade de Russie à Paris : quatre diplomates ont été expulsés par la France. Politique magazine

Le contexte international

Le contexte principal de l’épisode électoral russe est international à l’évidence. La question ukrainienne est importante. La Crimée est russe, elle le restera. Le score de Poutine y fut de 92%, et peu importe que les chancelleries occidentales ne reconnaissent pas le vote de la population de la Crimée. Le vrai problème russe de la Crimée est le coût exorbitant de la réunification pour la Fédération. Plus délicat est l’avenir du Donetsk et du Donbass. C’est une impasse et le danger d’explosion est réel. Le Kremlin le sait. La population russe le ressent. Il devient de plus en plus difficile de maîtriser une situation sur le terrain qui peut dégénérer. La guerre yougoslave des années 90 est dans tous les esprits. Kiev est soutenu par les États-Unis et les Européens comme la corde soutient le pendu. L’Ukraine est une poudrière. Tout le monde le sait. Pour faire baisser un peu la tension, la reconnaissance du bilinguisme serait un premier pas. Plus au sud, la Tchétchénie a voté Poutine à 91% ; le leader Kadirov tient son pays d’une main de fer et affirme sa loyauté à l’égard du Kremlin. Les affaires caucasiennes semblent contenues. Au-delà des montagnes, la Syrie est un succès incontestable de la Russie, et de ses forces armées. Dans tous les cas de figure, l’épreuve de force tourne à l’avantage de la Russie qui ne se gêne plus pour rappeler que si elle n’est plus que 38e puissance économique du monde, elle est une puissance nucléaire et militaire de premier plan. Moscou n’hésite pas désormais à retrouver le vocabulaire martial de la guerre froide. Elle n’est pas pourtant, épargnée par le terrorisme islamiste comme l’a rappelé l’an dernier l’attentat du métro de Saint-Pétersbourg.

Si la force mécanique réussit à la Russie, sa diplomatie semble plus légère. Dans l’affaire de l’ancien espion retourné par les occidentaux et retrouvé mort en Grande-Bretagne, sans doute la réaction excessive de May a contribué à affermir la position politique de Vladimir Poutine. 91% des Russes, dans un sondage récent, jugent positive l’action du Kremlin et font confiance au chef de l’État. Présenter la Russie comme une forteresse assiégée par les Occidentaux est un argument propre à vivifier le patriotisme, largement soutenu par une réévaluation de l’histoire nationale. Les coups de menton ne suffisent pas à créer les conditions d’un leadership international.

Les difficultés récurrentes

Il existe une vielle tradition de la diplomatie russe et même soviétique, c’est de privilégier les contacts bilatéraux et de considérer comme négligeable les grands ensembles supranationaux. Cela a des avantages, créer des conditions de division chez l’adversaire et se positionner comme interlocuteur privilégié chez d’éventuels partenaires. C’est la forme la plus ancienne de la politique étrangère des États. C’est celle qui correspond à l’affirmation de l’identité nationale voulue par le pays. Elle a des inconvénients. Le premier est de s’assurer de la cohérence parfaite des politiques et des choix d’alliances. Cela suppose une coordination de tous les acteurs internes, diplomatiques, économiques, militaires et même culturels. Il n’est pas certains que la tradition bureaucratique russe y parvienne et que le leadership du Kremlin, malgré son omniprésence sur tous les dossiers, suffise à assurer une bonne coordination. Bien au contraire, ce centralisme apparent de la décision a pour effet de paralyser l’initiative et de retarder l’action.

L’autre difficulté est d’adapter rapidement l’ensemble du jeu politique à des situations locales mouvantes, à des déboires soudains. Il est évident que ces derniers temps, Moscou a connu de nombreuses déceptions. Les élections américaines ont, certes, éloignées « les faucons » démocrates, mais Trump, s’entourant de « faucons » républicains, fait montre d’un patriotisme ombrageux susceptible de mettre à mal bien des équilibres internationaux. La Chine, autre « grand » courtisé par la Russie, a fait clairement savoir ses exigences. Dans le projet de chemin de fer, « route de la soie », entre l’Asie et l’Europe, Pékin exige des infrastructures chinoises. Par ailleurs, la poussée démographique des Chinois en Extrême-Orient et en Sibérie inquiète Moscou qui tente de faire face en attribuant des terres aux jeunes Russes motivés par l’aventure d’un nouveau front pionnier à l’Est.

En Europe, la donne n’a pas changé. La situation s’est même durcie. L’OTAN est plus menaçante que jamais. Rappelons au passage la présence de troupes françaises à la frontière russe en Estonie ! L’Union européenne est mal en point certes, mais reste suffisamment puissante pour rendre efficace les sanctions économiques. La russophobie est généralisée en Europe même si elle n’emprunte pas les mêmes arguments d’un pays à l’autre. Chaque geste inconsidéré des Occidentaux, comme le renvoi des diplomates russes, est interprété comme une agression contre la Russie et les Russes. Dès lors, la recherche de contacts directs, d’appuis parfois paradoxaux, semble toujours la seule solution à privilégier. Moscou réfléchit à une géopolitique d’alliance propre à fissurer le bloc occidental. En même temps que s’intensifie la coopération avec l’Iran – y compris le nucléaire –, la Russie cherche la bienveillance d’Israël où les russophones sont nombreux. En Europe, la pression américaine est trop forte. Elle a emporté la Grande-Bretagne dont le « Brexit » est vu depuis Moscou comme un rapprochement de Londres et de Washington. Sur le plan économique, les chantages sur les entreprises européennes et donc françaises, exercés par les États-Unis qui menacent de procès celles qui passeraient outre les sanctions, constituent une arme redoutable. Enfin le soutien américain au régime de Kiev est insupportable pour les Russes.

C’est sans doute de Berlin que Moscou attend le plus. Première partenaire économique, puissance influente à l’Est de l’Europe, l’Allemagne a la clé des relations russes avec les Occidentaux. Quant à la France, elle a repoussé la main tendue des Russes au nom de la « solidarité » occidentale. Alors qu’elle est un des principaux investisseurs en Russie. C’est aussi sur le plan culturel qu’elle était attendue. L’affront commis au Salon du livre à Paris, Macron dédaignant l’invité d’honneur qu’était la Russie, ne sera pas oublié de sitôt.

Jean Charpentier

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