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Quelques leçons des dernières opérations militaires (1re partie)

Retour à la guerre “classique” (mines et tranchées), réhabilitation de l’artillerie, petits drones servant à tout et primauté du renseignement humain.

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Quelques leçons des dernières opérations militaires (1re partie)

On a constaté ces dernières années les difficultés des armées modernes dans leur lutte « du fort au faible », aussi bien sur le théâtre d’opération sahélien (pour les troupes françaises et européennes) qu’en Afghanistan ou en Irak (États-Unis et coalitions occidentales) et au Yémen (Arabie saoudite et Émirats arabes unis). Ces échecs s’expliquent notamment par la conviction qu’avaient certains que, dotés des outils les plus modernes de maîtrise du champ de bataille, notamment informatiques, ils pouvaient mener une guerre avec la plus « légère empreinte » des boots sur le terrain, ciblant facilement ceux que l’action coordonnée de forces spéciales allait ensuite réduire. Or, les seuls à avoir réussi dans la même période ces opérations – face à des « faibles » d’ailleurs nettement mieux équipés – sont ceux qui ont utilisé toute la puissance des forces classiques, sans non plus se poser la question des pertes civiles : le pouvoir syrien, dont l’armée a repris les zones passées sous contrôle des forces rebelles, et l’Azerbaïdjan lors de ses offensives contre l’Arménie. Dernier élément, l’attaque du Hamas contre Israël vient rappeler les limites d’une posture défensive. Quels sont les principaux éléments de ces récentes évolutions, et quelles leçons en tirer ?

Le premier élément notable est le constat du retour de la guerre d’antan dans un conflit entre puissances militaires sensiblement équivalentes. On l’a dit et répété, les combats qui se déroulent sur le front ukrainien sont beaucoup plus proches de ceux de la Première Guerre mondiale que de tout autre chose. La guerre de mouvement a bien été tentée initialement par les Russes, avec des opérations aéroportées à proximité de la capitale ukrainienne et des percées de colonnes blindées, mais elle s’accompagnait d’un usage minimum de certaines armes – aviation, artillerie, missiles – sans doute parce qu’à l’époque Vladimir Poutine considérait qu’une partie au moins de l’armée ukrainienne et de la population russophone allait se retourner contre leur gouvernement. Cela n’a pas été le cas, et cette offensive a conduit à l’isolement de troupes trop avancées et à la fragilisation des lignes de communication. Depuis, les choses ont bien changé : les combats sont des combats d’infanterie, dans une guerre de position avec tranchées, mines et « corps-francs » opérant entre les lignes. Lorsque l’on regarde quelques images des positions actuelles, on se rend compte que l’arme principale est ici, comme en 16 ou 17, l’artillerie : destruction des zones urbaines et du couvert forestier, « marmitage », c’est plus Verdun que la chevauchée des blindés de Guderian en 40 ou de Patton en 44.

Drones offensifs

Deuxième élément d’information, l’utilisation de moyens nouveaux. Les drones d’abord, et non plus les drones militaires d’observation ou de frappe type HAV (hautes altitude et vitesse) ou MALE (moyenne altitude et longue élongation), employés depuis des années et tout récemment encore par l’Azerbaïdjan, mais de banals drones civils équipés de caméras (drones FPV, first personne view), avec lesquels on ne se contente plus de faire du renseignement sur les positions ennemies. Ces drones multi-rotors, difficilement détectables, permettent en effet d’embarquer de petits moyens explosifs et de frapper de manière efficace les engins ennemis – en tenant compte cependant de leur rayon d’action limité. On aura noté ensuite l’utilisation des paramoteurs civils par le Hamas lors de l’attaque contre Israël : leur vol à très basse altitude, leur écho radar très réduit, leur coût minime, leurs capacités de décollage et d’atterrissage courts sont autant d’éléments utiles pour des opérations-surprises qui sont cependant limitées par les capacités d’emport des engins.

Troisième point, la sensibilité des postes de commandement. Cela a été visible lors du conflit ukrainien, avec la frappe ciblée de PC russes par des tirs d’artillerie ou de missiles. Leur vulnérabilité tenait ici sans doute à la qualité du renseignement électronique, puisqu’ils génèrent plus d’émissions que d’autres zones, et donc aux aides extérieures apportées aux Ukrainiens en la matière – complétant les images satellites déjà fournies. Mais en Israël, avec une opération préparée de longue date, le renseignement humain a visiblement été lui aussi efficace sur ce point. Il semble bien en effet que la lenteur des forces israéliennes à riposter à l’incursion sur leur territoire des terroristes du Hamas reposait partiellement au moins sur les difficultés des postes de commandement, soit qu’ils aient été frappés, soit qu’il y ait eu brouillage de leurs liaisons.

Le champ de mines

La première leçon à tirer de ces évolutions est que la lutte entre le boulet et la cuirasse n’est pas près de voir sa fin : plus le boulet devient performant, plus la cuirasse s’adapte aux performances du boulet, mais il ne peut jamais y avoir de cuirasse parfaite. On en donnera deux exemples. Le premier concerne la réponse aux attaques ciblées de drones FPV sur les engins blindés. On retrouve ici une évolution que l’on avait connue face aux obus-flèche, lorsque l’on avait fixé des sacs de sable à l’extérieur du blindage de tourelle pour disperser leurs charges, système amélioré ensuite avec les protections réactives extérieures. D’abord sur les chars russes, T 72 puis T 90, et maintenant sur les chars israéliens Merkava, pourtant lourdement blindés : on équipe artisanalement la tourelle d’une « visière » supérieure en grillage pour éviter que les munitions transportées par drones, qui arrivent verticalement sur une zone moins blindée, explosent directement sur le char. On s’était moqué des choix russes, ironisant sur leurs « matériels dépassés », mais c’est bien à une adaptation générale des blindés à cette nouvelle forme d’attaque que l’on doit s’attendre.

Le second exemple touche aux zones frontières. L’attaque contre Israël a démontré les limites d’un système de protection dont on estimait pourtant qu’il était particulièrement adapté, combinant une zone de franchissement difficile et des forces d’intervention situées un peu en arrière. Or, en sus de l’attaque aérienne au paramoteur, spectaculaire mais limitée, il y a surtout eu saturation de la zone terrestre, avec ouverture de plusieurs points de passage. L’Ukraine le rappelle, le champ de mines est actuellement la meilleure cuirasse contre une offensive terrestre, et on devrait donc voir un renouveau des équipements en ce sens.

Risque cyber

On vient d’évoquer les matériels civils légers – drones et paramoteurs – qui permettent de casser la « cuirasse » aérienne classique combinant radars de détection et canons anti-aériens ou avions de chasse. Mais ces moyens légers sont aussi peu protégés et relativement peu mobiles. Ils sont donc particulièrement vulnérables à des munitions de petit calibre qui satureraient leur zone de déplacement – pour le dire autrement, le plomb de chasse est plus efficace contre un drone que la munition de guerre. On verra donc certainement se développer dans les années qui viennent des munitions adaptées à ces nouvelles menaces, d’un coût limité et facilement mises en œuvre par les unités engagées au sol. Cela va se combiner avec l’emport au plus près du front d’appareils permettant de détecter plus facilement leur approche, en jouant pour les drones sur leur système de transmission.

Globalement, la maîtrise des communications est d’ailleurs plus que jamais un point essentiel du champ de bataille moderne, mais il faut l’entendre au sens large : capter les échanges des unités ennemies, repérer leurs postes de commandement, déceler les intrusions de matériels sans pilote. Les moyens mis en œuvre pour cela sont de plus en plus efficaces, mais supposent de traiter des masses toujours plus grandes de renseignements électroniques. L’intelligence artificielle permettra-t-elle un saut qualitatif en la matière ? C’est la première question. La seconde touche au « risque cyber », qui est passé des capacités de brouillage des communications ennemies à l’intrusion sur ses réseaux. Cette guerre électronique n’en est encore qu’à ses débuts.

Obus ou missile

Nous venons d’évoquer les missiles, mais si l’on se place sur le plan des matériels, les conflits récents réhabilitent le canon et l’obus. Sophistiqués, et donc à la fois chers et fragiles face à certaines menaces, les missiles permettent sans doute l’acquisition d’une cible en mouvement ou la frappe à longue portée, mais les canons modernes frappent eux-mêmes assez loin, sont suffisamment mobiles pour se mettre hors de portée d’un tir de contre-batterie, et leurs obus – antichars avec sous-munitions par exemple – sont tout aussi efficaces que des missiles, à des coûts bien inférieurs, pour traiter certaines cibles.

La France n’est pas passée à côté de ces questions au moins quant à leur dimension théorique. À preuve, en sus de la constatation de certaines limites des engagements extérieurs, faite par nombre d’opérationnels bien avant que nos troupes ne doivent quitter la région sahélienne, s’est ajouté un questionnement sur la possibilité de revoir des engagements de forces conventionnelles sur le théâtre d’opération européen. Ce qui a conduit l’État-major français à engager une réflexion sur la formation de nos troupes au « combat de haute intensité » – le conflit en Ukraine lui donnant rapidement raison. Mais à la nécessaire réflexion sur l’évolution des matériels s’ajoutent d’autres questions, touchant cette fois à la possibilité de les utiliser librement, un point que nous traiterons ultérieurement.

 

Illustration : drone porteur d’obus en Ukraine.

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