Il ne change pas parce que des hordes de nationalistes fous prennent le pouvoir aux quatre coins du monde que connaissent les journalistes (les journalistes n’identifient que rarement les nationalistes et ne connaissent pas le monde), il change parce que la mondialisation n’est plus possible, autrement dit que l’occidentalisation du monde n’est plus possible, autrement dit que les impérialismes vestigiels ne sont plus possibles. La Fédération de Russie, les États-Unis, le Commonwealth et la Chine communiste sont de pures constructions politiques qui veulent se projeter en permanence, comme on projette ses armées sur des théâtres d’opérations extérieures, car elles sont animées par de “vieux” antagonismes qui ont tout d’idéologie récentes mais moribondes (le capitalisme comme le communisme) et par la folie du contrôle, qui ne déguise que l’avidité des classes dirigeantes.

Voici donc quelques poussières d’empires, où on examinera le rôle de Gorbatchev, dont l’action a construit la Fédération de Russie d’aujourd’hui – et donc son déclin, la figure d’Elizabeth II, qu’on crédite de vertus à proportion de son silence mais qui ne fit qu’assister à l’enterrement sans grâce de son empire, qui n’en finit pas de crouler, et les Ouïghours, prétexte droits-de-l’hommiste que l’Occident et l’Islam ont trouvé pour contester une hégémonie économique qui n’arrange plus personne et affirmer un autre empire, qui surgit sans qu’on veuille le considérer.

Mais le sujet des empires pivotants et des puissances changeantes n’est pas épuisé, et après avoir observé par le petit bout de la lorgnette, à la faveur des morts éclatantes ou inconnues, trois destins d’empires, nous reviendrons sur ce sujet de la métamorphose des mondes.