À chaque annonce d’une horreur en Palestine, la rengaine est immédiate : « Où est donc SOS Chrétiens d’Orient ? ».
Les commentateurs, peu soucieux de vérifier si nous avons effectivement relayé la nouvelle, ne manquent jamais l’occasion d’inspecter les tréfonds de notre conscience. Il s’agirait de démasquer un foyer favorable au développement du choc des civilisations, que nous récusons texte après texte, action après action, prise de position après prise de position.
Le sort des chrétientés orientales, d’habitude si étranger à la masse de nos contempteurs, devient soudainement digne d’intérêt si les victimes des discriminations ou des persécutions que nous combattons font partie des derniers chrétiens de Gaza ou des faubourgs de Jérusalem.
SOS Chrétiens d’Orient dénonce pourtant vigoureusement toutes les offenses faites aux chrétiens en Terre Sainte, singulièrement depuis le début 2023. Saccage d’un centre maronite en janvier et intimidation d’un restaurant arménien le même mois, destruction d’une statue de la Vierge dans un centre franciscain début février, agression d’un prêtre en l’église du Tombeau de la Vierge le 19 mars ; nous dénonçons toute cette violence anti-chrétienne.
Ainsi, nous ne pouvons pas nous taire devant l’odieuse proposition de loi portée par deux députés de la majorité gouvernementale qui prétendent interdire tous les actes d’évangélisation et de partage du Nouveau Testament. Si le premier ministre israélien a affirmé qu’il ne laisserait jamais passer un tel texte, il n’en reste pas moins que son irruption souligne le durcissement de certaines communautés juives installées en Israël contre la liberté religieuse chrétienne.
Interdiction d’accès au Saint-Sépulcre
L’interdiction d’accès au Saint-Sépulcre pour des milliers de chrétiens pendant la Semaine Sainte par le gouvernement Israélien n’en a été que plus révoltante encore. Le patriarche des latins, Mgr Pizzabella, déclarait ainsi le 26 janvier 2023 : « Or cet équilibre entre les différentes communautés n’existe plus et la règle est devenue que le pouvoir décide seul ». Alors que la cascade d’attentats et d’opérations meurtriers ne cesse d’emporter la paix en Terre Sainte, les horreurs répliquant à la terreur pour les familles israéliennes et palestiniennes, les chrétiens ne doivent pas être les ignorés de ce trimestre meurtrier.
Les associations chrétiennes sont nombreuses sur place, et la France en compte de très vénérables et actives. Il serait bon que les grands médias leur fassent davantage de place pour témoigner d’une situation aussi incandescente. Elles apporteraient certainement l’épaisseur humaine des yeux qui voient et des sens qui épousent les tensions impalpables qui expliquent les éruptions les plus violentes.
Malheureusement, nous ne sommes pas fondés à porter ces témoignages. Nos quelques premières attaches n’ont pas été concluantes et nous ne sommes pas en mesure d’assurer, pour le moment, le modèle d’action de SOS Chrétiens d’Orient sur place. Peut-être le serons-nous un jour ? À Dieu plaise. Mais vous n’entendrez jamais SOS Chrétiens d’Orient adopter l’esprit pesant des connaisseurs parisiens des situations de conflits et de persécutions.
Nous en discernons trop dont les préjugés et les approximations, quand ce n’est pas la complaisance mensongère, abiment constamment les sujets qu’ils entendent traiter. L’Orient compliqué a moins besoin des experts stipendiés du commentariat parisien que de la valeur des arpenteurs du quotidien. Croyez surtout ceux-là. Quant à nous, nous vous invitons à prier pour les victimes des violences entre Israéliens et Palestiniens et à agir pour que le sort des chrétiens de Terre Sainte ne soit pas tu.