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L’Afrique du Sud de nouveau au bord de la guerre civile ?

Etat des lieux. L’histoire est prégnante. Rien n’est plus dangereux que la démagogie et l’idéologie : aucun pays n’y peut résister. L’Afrique du Sud moins qu’aucun autre.

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L’Afrique du Sud de nouveau au bord de la guerre civile ?

Le 27 février, au cours d’un débat houleux, le parlement sud-africain a adopté un texte controversé qui prévoit la redistribution des terres, détenues par 73 % de la minorité afrikaner, au profit de la majorité noire. Sous la pression de la gauche radicale menée par Julius Malema, le Congrès national africain (ANC), au pouvoir, a ouvert une boîte de Pandore qui jusqu’ici avait été tenue étroitement fermée du vivant de Nelson Mandela, l’icône de la lutte contre l’apartheid.

Avec ses appels répétés à occuper les fermes et dans l’espoir d’attirer à lui les votes des déçus de l’ANC, Julius Malema vient de jeter une bombe à retardement qui menace de plonger ce géant africain dans un sanglant conflit fratricide et racial.

Un passé toujours présent

L’Afrique du Sud était la première puissance économique de l’Afrique australe. La libération de Nelson Mandela en février 1990 marqua le début de la fin du régime dit d’apartheid. Mais il ne faut pas oublier que ces terres furent d’abord l’objet d’une colonisation néerlandaise, puis d’une colonisation britannique ; les Boers décidèrent de fuir la tutelle anglaise et s’enfoncèrent dans l’intérieur des terres d’une Afrique du Sud en devenir. Le « Grand Trek » – le grand voyage – véritable acte fondateur du nationalisme afrikaner, fut aussi le signal du début d’un antagonisme entre Boers et Blancs anglophones dont le paroxysme sera atteint lors de la guerre anglo-boer entre 1889 et 1902. La fin de l’indépendance des républiques du Transvaal et de l’État d’Orange Libre renforça encore la notion de « peuple élu enfermé au sein du Laager, ce camp retranché et protecteur » qui a caractérisé la mentalité de ces Européens venus s’installer dans la colonie du Cap au milieu du XVIIe siècle.

Lorsque des milliers de fermiers blancs ont envahi les routes principales de l’Afrique du Sud, le 30 octobre dernier, rassemblés afin de protester contre l’accroissement des violences visant leur communauté, le Mouvement des Combattants pour la liberté économique – ou Economic Freedom Fighters – de Julius Malema s’est plaint à son tour de la présence au sein de ces manifestations des anciens drapeaux des républiques boers et de celui en vigueur sous l’ancien régime de ségrégation raciale. Théorisé lors de l’arrivée au pouvoir des Afrikaners en 1948, l’apartheid fut rapidement mis en place par une série de lois diverses qui reposaient sur l’idée que les différentes composantes raciales du pays devaient cohabiter le moins possible ensemble. Noirs, blancs, indiens et métis vivant dans des zones séparées dont les contours furent redéfinis dans les années 1970, avec la création d’une dizaine de bantoustans, véritables républiques fantoches noires servant de caution au régime sud-africain qui avait au préalable décidé de se séparer du Royaume-Uni en mai 1961.

Nelson Mandela, une personnalité charismatique

Avec la fin annoncée de la guerre froide, qui avait permis à l’omniprésent Parti national (NP) de se retrouver dans le camp des pays qui luttaient contre le communisme, en dépit de l’embargo décrété par l’Organisation des Nations unies, l’apartheid finit par montrer des signes d’épuisement, émaillés par des violences largement médiatisées comme le massacre de Sharpeville (1960) ou les émeutes dans le township de Soweto (1976), qui forceront les autorités à assouplir plus tard quelques lois raciales d’importance. Le gouvernement fut contraint de négocier. L’image d’un Nelson Mandela, leader historique de l’ANC, poing levé, sortant de cette résidence surveillée qu’il occupait depuis 1988 après avoir passé deux décennies en prison sur l’île de Robben Island, acheva de faire tomber ce qui restait des murs ségrégationnistes en Afrique du Sud.

Surnommée « la nation arc-en-ciel » en raison de ses nombreuses ethnies et langues, l’Afrique du Sud, en sa réalité d’aujourd’hui, est moins scintillante qu’elle n’y paraît. En 1994, les premières élections multiraciales portent pour 5 ans Nelson Mandela au pouvoir. Mais à quel prix pour cet homme charismatique couronné d’un Nobel de la paix qu’il dut partager avec Frederik de Klerk, dernier président blanc du pays ! Ce fut un jeu de dupes entre l’ANC et le NP : peu avant les élections, l’Afrique du Sud sombra dans une longue guerre civile qui devait mettre face à face, blancs contre noirs, ou noirs – Xhosas – contre noirs – Zoulous de l’Inkhata. De son vivant, Nelson Mandela incarna l’unité d’un pays et les promesses d’un avenir meilleur au sein d’un processus de démocratisation qui laissa place à tous les espoirs… vite déçus tant pour les uns que pour les autres.

Notamment pour ce qui concerne le volet de la réforme des terres, chaque gouvernement a tenté de temporiser afin de ne pas frustrer les Afrikaners qui détiennent encore la majeure partie du pouvoir économique. Malgré le vote de l’« affirmative action » qui impose un quota ethnique et racial au sein de chaque entreprise. Plus de la moitié de la population noire vit au-dessous du seuil de pauvreté ; cette population est désormais ouverte aux sirènes d’un populisme dont la figure reste indubitablement le tonitruant Malema. Victime des rivalités au sein de l’ANC dont il fut à la tête de la jeunesse, un mouvement qui s’est fracturé idéologiquement durant les deux présidences de Thabo Mbeki (1999-2008) et Jacob Zuma (2008-2018) sur fond de multiples affaires de corruption, ce trentenaire a fait de l’expropriation des fermiers blancs le principal article de son credo. N’hésitant pas à ponctuer ses discours de prêches haineux envers la communauté afrikaner qui s’estime victime aujourd’hui d’un « génocide organisé » selon Karrie Kriel, le « leader » d’AfriForum, ce lobby qui compte plus de 200 000 membres à travers tout le pays. Fustigeant « le manque de volonté politique » de l’actuel gouvernement à trouver une solution face à un problème qui a coûté la vie à plus d’une centaine de fermiers sur l’année 2017, Kriel est devenu le porte-parole d’une frange des Afrikaners qui s’est radicalisée.

Julius Malema est prêt à lancer l'Afrique du Sud dans de nouvelles guerres raciales. Politique magazine

Julius Malema est prêt à lancer l’Afrique du Sud dans de nouvelles guerres raciales. Politique magazine

Prodromes de guerre civile

L’assassinat en 2010 d’Eugène Terre’Blanche par deux de ses employés noirs a profondément choqué une Afrique du Sud qui n’arrive toujours pas à se réconcilier avec son histoire. Un meurtre loin d’être anodin puisqu’il s’agit du « leader » du mouvement de résistance afrikaner (AWB), au nom prédestiné, et dont les actions armées firent les beaux jours de l’extrême-droite sud-africaine entre 1970 et 2008. Cependant, les Afrikaners restent tout aussi divisés que leurs équivalents noirs. Entre partisans ou non de l’établissement d’un Volkstaat – État indépendant – aux frontières toujours mal délimitées, ils ne représentent que 9% de la population actuelle sud-africaine et tentent encore de trouver leur place dans une société multiculturelle, entre nostalgie d’un passé glorieux et volonté d’intégrer une « nation » devenue émergente. Mais qui peine à réduire les écarts sociaux chez une communauté noire encore horrifiée par les images récentes d’une police tirant sur des grévistes mineurs à Marikana, laissant sur le sol plus de 30 morts. Immigrés africains tant de l’ouest que de l’est, ils sont tous victimes d’une montée de la xénophobie ; Malema a remis au goût du jour la chanson « shoot the Boer, kill the Boer » « tire sur le Boer, tue le Boer » !

L’Afrique du Sud peut-elle sombrer demain dans la guerre civile ? Le risque est élevé, car le vote de la loi sur la redistribution des terres sans aucune compensation financière prévue, et que doit encore contresigner le président Cyril Ramaphosa, a réveillé aussi de nombreuses tensions ethniques. Le roi des Zoulous, Goodwill Zwelithini, autorité suprême royale, a peu apprécié d’apprendre que le trust qui gère 30 % des terres appartenant aux membres de la première ethnie noire du pays, avait été abrogé et qu’il devrait lui-même se conformer à la future loi ! Pour un peuple qui a battu, sagaies à la main, les Britanniques à Isandhlwana en 1879 et qui a sur les mains la mort du fils et héritier de Napoléon III, quelle offense ! « Les fils du ciel » sont désormais prêts à reprendre les armes pour défendre le Kwazoulou, quitte à faire sécession. Des velléités indépendantistes ou autonomistes qui touchent d’autres tribus comme les Thembous, la propre ethnie de Nelson Mandela dont la mort en 2013 a mis fin à la paix sociale entre les différentes communautés du pays.

Face aux menaces d’expulsion des fermiers, dont le précédent zimbabwéen au début des années 2000 a abouti à une vaste crise économique dans l’ancienne Rhodésie du Sud, conjointement le Boer Afrikaner Volksraad et le mouvement d’extrême-droite des Suidlanders ont annoncé qu’ils considéreraient toutes tentatives d’expropriations ou tentatives d’occupations illégales des fermes, comme « une déclaration de guerre et un acte d’hostilité envers la population blanche ».

Devant l’imminence de la crise, l’Australie a d’ores et déjà fait savoir qu’elle était prête à les accueillir sur son territoire et à délivrer « des visas en urgence ». L’offre a été poliment refusée par les différents partis concernés qui ont rappelé au ministre de l’Intérieur australien, que « nés en Afrique du sud, les Afrikaners appartenaient à ce pays et qu’ils étaient prêts à mourir pour lui ».

Par Frédéric de Natal

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