Les élections législatives avaient donné une très légère majorité aux partis euro-sceptiques. Mais la grande diversité des mouvements en présence complique la tâche des élus grecs pour former un gouvernement. L’extrême gauche et l’extrême droite, notamment, refusent de se compromettre dans la poursuite des politiques d’austérité voulues par Bruxelles et les banquiers européens. Problème : ces derniers pourraient ne plus reconduire leurs prêts en cas de rejet des institutions européennes.
La situation grecque est tout-à-fait atypique. En trois ans, le PIB officiel a chuté de 20%, et le taux de chômage a grimpé à 25%. Cela fait longtemps que le gouvernement est incapable de se financer sur le marché libre : il lui faut aujourd’hui débourser en intérêts plus de deux fois le montant d’une obligation afin d’obtenir un prêt à deux ans.
Une sortie de l’euro est de plus en plus probable : elle semble la seule solution pour casser la spirale déflationniste. En effet, l’Etat pourrait dévaluer sa dette contractée en euro, freiner les importations, relancer artificiellement les maigres exportations du pays et favoriser le tourisme. Mais une telle politique monétaire donnerait un coup dangereux à l’expansion du « projet » européen.
La question est posée : d’autres gouvernements seront-ils tentés d’user de la même stratégie ? En cas de retour du drachme, les créanciers privés de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie ou de l’Irlande redouteront-ils des évènements similaires dans ces pays (ce qui leur occasionnerait des pertes financières conséquentes) ? Pour l’instant, la contagion tant redoutée est loin d’être évidente. Si les taux espagnols ou irlandais se tendent depuis quelques jours à la suite des évènements politiques en Grèce, nous sommes encore loin des ventes de panique entrevues l’été dernier.