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La remise en cause de la mondialisation économique

Depuis l’annonce par Donald Trump de nouveaux droits de douane extravagants touchant l’Union européenne, le Mexique, le Canada, la Chine, la question se pose de savoir quel effet de levier il cherche à obtenir.

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La remise en cause de la mondialisation économique
Et si, tout simplement, Donald Trump était en train de préparer quelque chose de beaucoup plus radical que ce que l’on croit comprendre ? Et si ces droits de douane étaient destinés à rester en place définitivement, et à s’étendre progressivement à tous les partenaires commerciaux des États-Unis ? Alors, D. Trump ne serait pas simplement protectionniste, il voudrait en finir avec la mondialisation et redéfinir un ordre économique mondial. Cela ressemble à une guerre commerciale, mais ça n’en est pas forcément une. C’est peut-être simplement une nouvelle politique. Il ne s’agirait plus de corriger un déséquilibre commercial, mais de mettre fin à la mondialisation telle qu’on la connaît. Si cette démondialisation se confirme, elle pourrait bouleverser l’économie mondiale.
Dans une certaine mesure, on peut se demander si le président américain n’aurait pas retenu une leçon venue de la Russie. Les récentes sanctions occidentales, ces dernières années, contre ce pays, s’étaient donné comme objectif d’affaiblir son économie. Pourtant, elles ont conduit à un effet inverse : la Russie a largement remplacé ses importations par une production nationale, gagnant en autonomie économique. En quelques mois, elle est devenue moins dépendante des flux mondiaux – même si, ne pouvant pas tout créer elle-même, elle a bien évidemment aussi dû tisser de nouveaux partenariats internationaux sur tous les continents, y compris la Chine, au grand dam de l’Amérique.

La démondialisation en marche

Sans nul doute, les États-Unis ne sont pas la Russie et pourraient peut-être plus facilement gagner en autonomie. Non sans mal, car la politique trumpiste devrait créer un choc inflationniste, mais conduirait en contrepartie à une réindustrialisation rapide : nous y reviendrons. Quelles seraient les conséquences pour l’Union européenne ? Car celle-ci repose sur un modèle basé sur le libre-échange et les accords commerciaux internationaux ; donc, sans mondialisation, elle perd une partie importante de son intérêt économique. Certaines nations européennes, notamment l’Allemagne, extrêmement dépendante de ses exportations, souffriraient énormément d’un réalignement protectionniste mondial. Des tensions internes pourraient alors fragiliser l’Union, car si, depuis des années, des voix s’élèvent en Europe, assurant que les citoyens payent trop fort le « prix de la mondialisation », que penseraient-ils si l’Union Européenne continuait la mondialisation alors même que les États-Unis en sortiraient ?
Dans une dynamique de dominos, le mouvement initié par D. Trump pourrait se généraliser. Certes, en tout état de cause, la mondialisation se poursuit, avec même une accentuation de 3% des échanges commerciaux mondiaux l’an passé. Mais on peut penser que c’est un effet d’inertie, et que les conséquences de la politique trumpiste se feront sentir tôt ou tard. Dans cette hypothèse, la question est de savoir si cette stratégie est viable.
D’abord, les États-Unis ont-ils les infrastructures pour se réindustrialiser rapidement ? N’enterrons pas trop vite les capacités de l’Amérique à se ressaisir, pensons aux erreurs d’analyse répétées en Europe après la Crise de 1929, prédisant une chute qui a été au contraire un sursaut. Ensuite, compte tenu de la misère sociale que l’on a laissée s’installer dans ce pays, les consommateurs américains supporteront-ils une inflation, fût-elle temporaire, en échange d’un retour à une production nationale ? Il faudrait la contrebalancer par une baisse drastique des impôts, ce qui ne serait pas pour déplaire au nouveau président. En tout état de cause, si notre hypothèse se vérifiait, nous serions à la veille de voir entrer l’économie mondiale dans une nouvelle ère.

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