Khartoum. A voir et à revoir, ce film de la grande époque du cinéma américain, sorti en 1966, avec Charlton Heston dans le rôle de Gordon Pacha, l’officier britannique chargé de défendre la ville de Khartoum, capitale du Soudan, assiégée par une armée islamiste commandée par le Mahdi (l’attendu), personnage joué – et là de façon inattendue – par l’excellent Laurence Olivier.
Sous certains aspects, l’actuel conflit du Proche-Orient, marqué par l’apparition récente et brutale de “l’État islamique en l’Irak et en Syrie” (Daesh), fait penser à la “Guerre des Mahdistes” des années 1880. Conflit colonial, religieux et politique, il a opposé les Mahdistes, désireux d’établir dans la région du Soudan un émirat fort et indépendant, aux autorités anglo-égyptiennes. Dans le film, des Chrétiens (britanniques) sont décapités par les Mahdistes, pour inspirer la peur à ceux qui sont restés et ainsi les amener à quitter la zone. Quelque 130 ans plus tard, il s’avère que ces méthodes barbares d’intimidation n’ont guère changé… La grande différence, c’est qu’elles sont aujourd’hui davantage médiatisées !
Le film se termine avec la prise de la ville et la mort de Gordon Pacha, en janvier 1885 ; il faut se souvenir que “l’État islamique” ainsi créé dès la chute de Khartoum, survivra à son chef, mort quelques mois après son rival britannique, pendant une douzaine d’années, jusqu’à ce que les Mahdistes fussent vaincus par l’armée anglo-égyptienne du général Kitchener, vengeur de Gordon.
Même si l’Histoire ne se renouvelle pas, dit-on, l’épopée mahdiste mériterait sans doute d’être racontée à nos va-t-en-guerre hésitants, nos Obama et nos Hollande – on supposera par courtoisie que David Cameron la connaît.