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Deux facteurs possibles d’une crise économique

L’expérience nous a montré qu’une crise économique éclate à un moment imprévisible et généralement là où on ne l’attendait pas. Par exemple, une crise mondiale pourrait venir du Japon, parce que ce pays, auquel les marchés ne prêtent plus, doit vendre sa créance américaine libellée en dollars contre des yens pour racheter sa dette.

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Deux facteurs possibles d’une crise économique

Certes, le dollar n’assure plus 80% des échanges mondiaux, mais, grâce à l’effondrement de l’euro, en assure encore plus de 50%, ce qui freine la volonté de dédollarisation des grandes puissances économiques. Cependant, si le Japon, premier détenteur de la dette américaine, devant la Chine elle-même, se met à la vendre, donc à la déprécier, les États-Unis vont devoir hausser leurs taux d’intérêt pour attirer les créanciers. Cette hausse aura évidemment un effet négatif sur la croissance américaine, parce que les crédits seront plus difficilement accessibles, donc l’argent, dont la circulation est comme le sang dans le corps, viendra à manquer, provoquant des thromboses dans l’appareil de production de l’autre côté du Pacifique. Jusqu’à présent, nous n’avons rien vu venir. Mais il est des crises qui éclatent sous l’effet d’une conjonction de plusieurs facteurs. Nous en voyons deux qui aujourd’hui pourraient se combiner.

1,73 million de voitures ont été saisies l’an passé

En dehors même de la dette publique américaine, équivalant au tiers du PIB mondial, les Américains eux-mêmes se sont surendettés en accumulant les crédits automobiles – mais 1,73 million de voitures ont été saisies l’an passé – et les avances sur salaire – mais 10% des cartes de crédit ont fait l’objet d’un défaut de paiement –, la consommation ayant recours au BNPL (Buy Now, Pay Later) – mais 41% de ceux qui y ont eu recours sont quand même en retard de paiement. Les ménages n’ont jamais été aussi endettés, la dette privée américaine s’élève à 18.382 milliards de dollars. On voit réapparaître un phénomène ayant déclenché la crise de 2008 : 2.340 milliards de dollars de dette ont été titrisés en ABS, asset-backed security (titre adossé à des actifs, ou encore « valeur mobilière adossée à des actifs »), ce qui rappelle les subprimes en 2007. Le plus inquiétant est que ces dettes circulent aujourd’hui via des fintechs (abréviation de financial technologies) qui, à des tarifs imbattables, proposent quasiment tous les services financiers, de la banque mobile à la comptabilité d’entreprise, en recourant à l’IA pour conseiller l’épargne et l’investissement ; bref un moyen de simplifier la vie à leurs utilisateurs. Mais cet univers nouveau n’est pas régulé : il a été créé parallèlement aux mesures régaliennes prises par les États pour éviter une nouvelle crise des subprimes, ce qui revient, au bout du compte, à les avoir contournées.

Le deuxième facteur qui pourrait se conjuguer au premier est plus classique, il tient au principe même du capitalisme : on sait que dans ce système l’économie est financée majoritairement par des particuliers, c’est ce qui contribue largement à sa prospérité ; mais la spéculation des investisseurs aboutit inéluctablement un jour ou l’autre à l’éclosion d’une bulle, qui finit par éclater, parce qu’elle ne correspond plus à l’économie réelle. En ce moment même, Wall Street connaît une croissance de 3,8%, on s’imagine que le salut peut venir de la Chine, où pourtant l’économie est artificiellement maintenue debout ; un million d’entreprises sont possédées par l’Etat, ce qui permet à la dette de filer, et l’on ne saurait s’étonner qu’un jour, quand la liberté y sera établie, l’on découvre que le PIB y aura été truqué, comme en République Démocratique Allemande avant 1989.

 

 


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