France
Cesser de se mentir
Sous le titre évocateur de Bal des illusions, l’essai de Richard Werly et de François d’Alançon tombe à pic.
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Le débat a fait l’actualité avant l’été. L’Union européenne est loin de faire l’unanimité en france tentée elle aussi de sortir du système. La preuve par les chiffres.
Du Brexit au Frexit ? On n’a jamais autant parlé en France – et dans tous les pays membres – d’une sortie de l’Union à l’instar du Royaume-Uni. Un sondage OpinionWay, réalisé le 24 juin 2016, révélait ainsi que 52 % des électeurs français souhaitent un référendum sur la sortie de la France de l’Union européenne. Pour autant, une majorité de ces électeurs (51 %) sont contre le « Frexit », 31 % pour.
Le sondage compte 16 % d’indécis… Un sondage TNS Sofres-OnePoint, rendu public le 29 juin, nous apprend par ailleurs que 74 % des électeurs du Front national voteraient en faveur d’un « Frexit » si la question d’une sortie de l’Union leur était soumise. Au PS, au MoDem, chez EE-ELV et Les Républicains, ils sont moins de 20 % à souhaiter une sortie de l’Union européenne. Au Front de gauche, les partisans d’un Frexit sont nombreux mais non majoritaires.
Presque la moitié des sondés considère que le Brexit est une mauvaise chose pour l’Union européenne. Mais à la question « quelle solution vous semble préférable pour l’avenir ? », ils sont 55 % à répondre qu’il doit y avoir « davantage d’autonomie pour les nations vis-à-vis de l’Union européenne »… C’est donc peu dire que les Français ne témoignent pas d’un grand attachement à l’Union européenne telle qu’elle va aujourd’hui.
Si l’on suit la logique de ces sondages, la peur des conséquences négatives d’une sortie empêcherait sans doute la victoire du vote favorable à un « Frexit » en cas de référendum.
Reste cette donnée fondamentale, généralement oubliée par les instituts de sondages : l’électorat dépolitisé, fluctuant, qui décide son vote dans les toutes dernières semaines voire les tout derniers jours de la campagne. Car le fait qu’un Français sur deux déclare souhaiter qu’un référendum sur la sortie de la France de l’Union européenne soit organisé, traduit manifestement une envie très puissante des électeurs que la question de notre participation à l’Europe soit remise sur la table et débattue. Sans forcément avoir déjà eux-mêmes une opinion fermement arrêtée.
Une chose est sûre : l’opinion française se montre pessimiste pour l’avenir de l’Europe. Un Français sur deux juge l’avenir de l’UE « compromis » et parie sur de nouveaux départs venant d’autres États membres dans un futur plus ou moins proche. Seul point sur lequel tout le monde semble s’accorder : l’Europe ne peut plus s’offrir le luxe d’un nouveau statu quo. 77 % des Français estiment ainsi que l’UE devrait profiter du Brexit pour repenser sa politique d’intégration européenne.
Dans le sondage OpinionWay, à la question « que faudrait-il faire pour remédier à la crise européenne ? », 20 % des sondés réclament plus de pouvoir pour l’Union, 35 % en demandent moins et 22 % suggèrent de la supprimer purement et simplement. Une proportion sensiblement égale (24 %) ne choisit aucune de ces options…
Le Brexit vient donc traduire l’épuisement d’une certaine idée de la construction européenne dans une Union en crise. Agira-t-il comme un choc salutaire ou marquera-t-il le début de la fin de l’aventure bruxelloise? La réponse devrait se dessiner dans un avenir proche.