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Quand Pluton supplante Jupiter

L’actualité a tendance à brouiller les esprits, surtout quand les dirigeants eux-mêmes suscitent l’agitation pour empêcher la réflexion. Mais regardons la vérité en face : la France se meurt. Des pans entiers de l’économie croulent, les finances sont exsangues, la population vieillit… Et Jupiter organise ces enfers.

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Quand Pluton supplante Jupiter

Depuis le début de l’année les Français semble avoir du mal à « décrypter » (sic) l’actualité et à comprendre les événements qui se déroulent sous leurs yeux. Alors qu’ils se préparent à voter pour les élections européennes, bien peu savent vraiment à quoi elles servent. Une information chasse l’autre et les médias leur font tourner la tête. Les agriculteurs ont à peine réintégré leurs exploitations que les kalachnikovs retentissent dans les rues de villes autrefois paisibles. Le bruit n’en est pas encore retombé que, toute affaire cessante, il faut modifier la Constitution. Alors que le feu oppose Israël au Hamas, tous les yeux sont tournés vers l’Ukraine. Et, entre le choix de la chanteuse censée incarner la France lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques et la préparation de la « baignade collective » dans la Seine prévue à cette occasion, le gouvernement se penche en urgence sur une loi dite de fraternité. Tout est en marche, en même temps ; mais dans cette agitation permanente, est-il possible de trouver un fil rouge ? Existe-t-il un point commun entre tous ces événements ?

La mort de l’immobilier

Il y a quelques années, le slogan « Quand le bâtiment va, tout va » servait d’indicateur du moral de la population. Il est vrai que, depuis les années 1970, tout avait été fait pour permettre aux Français de devenir propriétaires de leur logement, de préférence un pavillon de banlieue. Les crédits étaient faciles, l’explosion de l’industrie automobile rendait les distances entre le logement et le lieu de travail supportables, le développement des infrastructures de commerce et de loisir rendait la vie agréable. Mais un triple piège était en train de se refermer sur nos concitoyens. Alors que les rémunérations n’augmentaient pas aussi vite que les consommations (individuelles ou collectives), on y avait suppléé par un recours massif au crédit à très faible taux. Quand les taux ont commencé à remonter, on a mis en danger les emprunteurs ayant souscrit des emprunts à taux variable tandis que l’on a fragilisé les prêteurs ayant accordé des crédits à taux fixe. L’étalement des zones habitables a conduit à une artificialisation des sols sur lesquels l’eau ruisselle avant de pénétrer les sous-sols et a généré une circulation de plus en plus difficile dans laquelle chacun perd du temps et de l’énergie. Enfin, les besoins imposés à l’État et aux collectivités territoriales par une population d’assistés et le foisonnement des normes comportementales ont conduit à surcharger de charges diverses et d’impôts les seuls biens non délocalisables : les immeubles. Du coup, le bâtiment se meurt !

La mort de l’économie nationale

Après avoir vendu les plus beaux fleurons de l’industrie française – dont on a d’ailleurs fini par être obligé de racheter certaines branches, au prix fort – et après avoir permis aux « investisseurs » internationaux de dépecer les secteurs les plus rentables, on a laissé se fondre dans une mondialisation incontrôlée les entreprises qui faisaient la renommée du pays. La France a ainsi perdu son savoir-faire tandis que nombre de ses meilleurs ingénieurs et ouvriers se sont expatriés. Dans le domaine de l’énergie, alors que la France produisait l’électricité la moins chère et la plus importante d’Europe, les Français sont désormais obligés de la payer au prix fort pour satisfaire aux impératifs du Marché unique. Les agriculteurs qui ne peuvent plus vivre de leur travail et ne survivent que grâce à des subventions voient leur production déloyalement concurrencée par des produits étrangers de même apparence mais pas de même qualité. Les consommateurs faussement informés par des sigles, labels et autres normes incompréhensibles se ruent sur les produits que de puissants intermédiaires leur présentent comme désirables et à bon marché, mais dont personne ne peut plus véritablement mesurer l’utilité ni la dangerosité. Les pouvoirs publics, qui veulent conserver une image positive de protecteurs de la société, multiplient les « aides », dépensant ainsi un « pognon de dingue » qui met à mal les finances du pays et endette les citoyens pour plusieurs générations. Ceux qui ont la chance de travailler – d’un travail utile – croulent sous les impôts et les charges sociales, car il faut bien payer les contrôleurs en tout genre et subvenir aux besoins des chômeurs et des clandestins.

La mort de la population

Dans le courant du XXe siècle et au début du XXIe, l’espérance de vie des Français n’avait cessé d’augmenter. Mais, comme le dit le proverbe, les arbres ne montent pas jusqu’au ciel… et les hommes ne sont pas éternels ! Il n’est donc pas anormal de voir disparaître les classes d’âge les plus avancées et comme elles sont de plus en plus nombreuses, elles pèsent toujours plus sur le taux de mortalité. L’allongement de la durée de la vie semble donc atteindre une certaine limite. Cependant ce n’est pas ce phénomène auquel on assiste aujourd’hui ; l’espérance de vie semble diminuer. Certes en 2019-2020 on a pu invoquer l’épidémie de Covid pour expliquer la surmortalité constatée. Mais l’Insee a rapporté, dans ses dernières études, que depuis une surmortalité « inexpliquée » caractérisait les classes d’âge inférieures à quarante ans. Nos politiciens, dont le nombre de ceux qui sont sans enfant ne cesse de croître, proposent comme solution à tous nos maux de garantir l’accès à l’avortement (qui tue chaque année quelques 250 000 enfants à naître) et d’aider les vieux à mourir. Cela coûtera moins cher que de chercher à soulager les souffrances et la solitude des anciens. Les isoler ne suffit plus. Pour ajouter à ce tableau, « il n’est pas exclu » que l’on puisse un jour envoyer toute une classe d’âge combattre sur un front étranger. Enfin, pour ne pas entraver la liberté de circulation des dealers qui promènent leur kalachnikov ni les pauvres atteints de troubles psychiatriques qui font prendre l’air à leur couteau de cuisine, on arme les policiers de pistolets à impulsion électrique – les blindés étant exclusivement réservés à l’encadrement des manifestations.

L’empire de la mort

Toutes ces constatations, et bien d’autres encore qui ne sont pas abordées ici pour ne pas alourdir le propos, montrent simplement que la France fait désormais partie de l’empire de la mort. Au mois de juin prochain il sera encore temps de prendre conscience du fait que cet empire ne concerne pas que les corps ; il prend aussi les esprits et les âmes – la laïcité n’a-t-elle pas tué la religion ? Pour cela, cet empire a commencé par détruire la culture et tuer le langage. Les mots ne sont plus le support d’une pensée, d’un raisonnement ; ils sont devenus le véhicule d’une propagande. Entre verbiage et verbigération, les discours politiques ne visent plus à stimuler la raison et à faire réfléchir mais à provoquer des émotions et des impulsions qui conduisent le citoyen à réagir inconsidérément lors de chaque consultation électorale. On comprend pourquoi, alors qu’ils croyaient voter pour Jupiter, les Français ont élu Pluton… toujours suivi de son fidèle Cerbère1 !

 

1. Rappelons qu’il a fallu Hercule pour arriver à enchaîner Cerbère et qu’il ne l’a fait qu’après avoir nettoyé les écuries d’Augias…

Illustration : Un paysan de la Coordination rurale gazé par les Cerbères à Bordeaux. Pluton défend son empire.

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