Tribunes
Le commencement de la fin
Premier ministre introuvable ! Des semaines durant. Avec un gouvernement démissionnaire pendant plus d’un mois.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Appréciée par certains conservateurs pour quelques prises de position à contre-courant, Valérie Pécresse est aussi pointée du doigt en raison de son parcours ambigu et de choix étonnants.
Valérie Pécresse a longtemps bénéficié d’une certaine bienveillance au sein de la droite de conviction. Au conseil régional d’Île-de-France, où elle a été élue pour la première fois en 2015, cette professionnelle de la politique (ENA, Conseil d’État, conseiller technique à l’Élysée sous Jacques Chirac, députée des Yvelines en 2002) avait étonné l’opposition identitaire en faisant voter dès le début de son mandat la suppression des aides aux transports en commun pour les étrangers en situation irrégulière. Ne dédaignant pas l’apport des voix du Rassemblement national, au grand dam de la gauche et d’une partie de la droite dite républicaine, son image fut encore réhaussée dans la sphère conservatrice par quelques sorties verbales contre l’extrême-gauche.
Cependant, sa victoire à la primaire LR n’a pas manqué de faire ressortir des dossiers moins reluisants pour une partie de son électorat. Il est ainsi apparu que la région Île-de-France finançait une association LGBT militant auprès des jeunes, ou que l’un des plus proches collaborateurs de Valérie Pécresse, Patrick Karam, vice-président au conseil régional et membre de l’équipe de campagne présidentielle, entretenait des relations de longue date avec l’Union des associations musulmanes du 93, une structure islamiste bien implantée en Seine-Saint-Denis. Cette polémique, récente, peut étonner au regard du positionnement de la candidate, féministe revendiquée qui aurait déjà subi des agressions de rue et qui a lancé en politique plusieurs nouvelles figures féminines. Mais en janvier dernier, l’un des vice-présidents LR, Gilles Platret, prenait publiquement ses distances après un entretien d’explication avec Valérie Pécresse, et d’anciennes vidéos montrant l’élue LR dénoncer l’« islamophobie » ont refait surface.
Moins connu mais plus significatif, Valérie Pécresse fréquente de longue date les réseaux internationalistes qui dominent la politique occidentale. En 2002, alors âgée de 34 ans, elle intégrait le programme Young leaders mis en place par la French american foundation, destiné à dénicher et cornaquer les futurs dirigeants atlantistes1. En 2008, comme ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, elle militait délibérément auprès de Bruxelles pour que la langue française ne soit plus considérée comme langue économique de l’Europe dans le dépôt de brevets, ajoutant une épine dans le pied des entreprises tricolores. En 2013, elle était invitée à participer aux réunions non-publiques du puissant groupe mondialiste Bilderberg.
Simples passages obligés pour faciliter une ambition politique ? Pas forcément. Des déclarations récentes de la candidate vont par exemple dans le sens des mesures les plus radicales discutées par la Commission européenne ou le Forum de Davos afin de mieux contrôler la montée des populismes. En novembre dernier, elle défendait l’état d’exception sanitaire et le principe du passe sociétal, ajoutant que les confinements pourraient être réservés aux non-vaccinés. Au Figaro, le 31 janvier, elle révélait incidemment que la levée de l’anonymat sur internet faisait partie des sujets discutés avec ses enfants.
Quel personnage politique est Valérie Pécresse ? Il y a plusieurs mois, avant que ne débutent les joutes politiques, nous avions posé la question à un électron libre des milieux de droite, ancien collaborateur de sénateurs LR passé par de grandes municipalités franciliennes. La réponse fut courte et catégorique : « Pécresse ? Aucun intérêt, c’est une chiraquienne pur jus ».