Monde
« Nos dirigeants actuels invoquent souvent la révolution »
Un entretien avec Ludovic Greiling. Propos recueillis par courriel par Philippe Mesnard
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
L’homme est fort content de lui. Il pense briller sur le plan international et il croit qu’il finira par dominer la situation sur le plan national…
Macron se révèle pour ce qu’il est, un champion de la « com », même si les Français peuvent le créditer à l’origine d’une certaine sincérité dans son projet réformateur. À dire vrai, il savait qu’une partie de l’opinion y aspirait ; il en fit donc sa « plateforme » électorale transpartisane. Une sorte de cynisme dans le succès l’affranchit des scrupules : il ose remercier les retraités après les avoir tondus de plusieurs milliards avec la CSG ! Le voilà capable, non sans habileté, de tenir un discours pour chaque catégorie de Français. Ce serait le propre des politiques, sauf que l’homme choisit délibérément de s’adresser à chaque catégorie sans exception ! Aux catholiques, lors du discours aux Bernardins, il demande de renouer les liens avec la République. Mais aussi bien il a la même volonté avec l’islam en vue d’une reconnaissance mutuelle. À cette fin, il utilise tous les réseaux, par exemple les services d’un Yassine Belattar qui joue la liberté de pensée dans le débat politique mais au profit de son communautarisme islamique. À tour de rôle, les professions y passent : les cheminots, comme prévu, les agriculteurs, les retraités, les médecins et les infirmières ; le chef de l’État ne cesse de penser à tout le monde « en même temps » et successivement.
Mais « le menteur » ou « le bonimenteur », nous dit le proverbe chinois, doit avoir une bonne mémoire, il lui faudra une grande habileté dialectique pour tenir dans tant de contradictions. Un an après son élection, l’IFOP publie un sondage qui le donnerait encore et mieux en tête, devant Marine Le Pen, en cas d’élection présidentielle. Quelle fausse surprise ! Macron joue sur tous les tableaux. Après son entretien « aux champs » avec Jean-Pierre Pernaud, son entretien « en ville » avec Plenel et Bourdin a révélé l’art macronien de la domination du débat : face à ces deux voyous, le président apparaît tout entier vêtu de probité candide et de lin blanc !
Et, pourtant, si Macron, malgré ses premiers succès apparents, se trouvait bientôt dans une situation pire que celle de Hollande ? Ce dernier avait pour lui, si l’on peut dire, le bénéfice de sa très grande médiocrité. Mais Macron le génial et le jupitérien ? En effet, les réformettes se multiplient dans tous les domaines mais le seul vrai pari de Macron qui les justifie toutes, c’est la reprise économique qui doit venir. Les Français attendent. Pareillement sous Hollande, le démarrage se fit en fanfare et, au bout d’une année, les Français comptaient les couacs.
Immigration, insécurité, banlieue, politique de la ville, c’est toujours le même problème. En ce domaine, plus on dit que ça va changer, plus c’est la même chose ! Le chef de l’État reste persuadé que l’économie est la clé qui résoudra toutes les difficultés. Mais il continue à ne rien voir, à ne vouloir rien voir du désastre qui s’annonce avec la fracture identitaire et le flux migratoire qui se poursuit et se poursuivra malgré la loi Colomb. Le ministre de l’Intérieur pourrait-il expliquer comment il est possible de lutter contre l’immigration clandestine, quand le nombre des expulsions est tombé de 36 800 en 2012 à 28 000 en 2017 et alors que les demandes d’asile ont doublé sur la période pour atteindre plus de 100 000. Comment ne pas comprendre que ce sont l’échec de l’intégration et l’islamisation corrélative de la société qui vont détruire le pays, et qu’aucune politique économique n’a de chance de réussir si la France continue d’ouvrir ses frontières à toute la misère du monde et à partager sa couverture sociale, en grave déficit, avec des millions de déshérités sans diplôme ni qualification, totalement inemployables dans une économie moderne, à l’heure où s’engage la grande course mondiale à l’Intelligence artificielle.
Les entreprises aujourd’hui manquent de main-d’œuvre qualifiée ; le système éducatif français est en cause, au point que le ministre Blanquer veut revenir aux bonnes vieilles méthodes. À entendre la logorrhée des jeunes crétins incultes qui ont occupé les facs, on comprend en effet ce manque de qualification chez des petits Français, juste assez formés pour contester la société, pas assez pour lui être utiles ! Mais alors qu’en est-il des malheureuses banlieues ? Macron va investir 48 milliards dans un énième plan « banlieues », sous la houlette du mirifique Borloo et après 30 ans de « politique de la ville » qui a englouti des milliards en pure perte ! Le social n’est pas la cause de ce problème qui s’aggrave sans fin, mais l’effet, un des effets politiques d’une cause proprement politique. Les banlieues se désintègrent parce que l’Etat a capitulé, partout, en tout, et d’abord devant les barbus et les caïds qui font régner leur propre loi. Quand plusieurs dizaines de nationalités se mêlent et s’affrontent dans une école avec toutes les tensions interethniques imaginables, ce ne sont pas les milliards d’euros qui changeront la donne, mais le refus de l’extraterritorialité et l’affirmation de l’autorité de l’État. Or, ce seul point constitue déjà le problème majeur.
Les dépenses de l’État ne diminuent pas ; la dette augmente ; les impôts aussi malgré les promesses. Déjà une demi-douzaine d’impôts supplémentaires à ajouter à la brillante liste « made in Hollande », sans compter ceux à venir ! Il est en effet envisagé une « Contribution Solidaire Chômage » (C.S.C.), nom proche de la C.S.G. pour mieux nous embrouiller, mais ce nom n’est pas définitif… Ce nouvel impôt serait destiné à redresser les Fonds des Caisses de Chômage, qui seront touchées de plein fouet par les multiples plans de licenciements et les nombreuses fermetures d’entreprises. Et que dire de la contribution sociale liée à la maladie d’Alzheimer, nom générique du vieillissement ? Soit, mais serait-il envisageable de financer les nouvelles dépenses par l’arrêt de quelques autres ? Par exemple, toute personne qui débarque en France, sans même jamais y avoir mis les pieds, peut prétendre à 800 euros par mois à 65 ans, alors qu’elle n’a jamais cotisé ni travaillé en France. Les agriculteurs et les retraités en général peuvent être contents, eux qui ont travaillé et qui ont du mal à assurer leur retraite ! C’est beau, c’est grand, c’est généreux la France ! Tandis que des millions de Français diffèrent de plus en plus leurs soins, faute de moyens, et alors que le budget de l’AME, qui soigne les sans-papiers, vient d’être porté à 1 milliard. Les départements, en plus du RSA, doivent financer à hauteur de 50 000 euros par an, chacun des 25 000 mineurs isolés qui ont débarqué en 2017 ! Coût = 1,250 milliard. Et 25 000 clandestins sont logés à l’hôtel chaque soir, alors que 140 000 SDF dorment sous les ponts. Ces chiffres sont officiels. 10 millions d’immigrés extra-européens, dont le nombre ne va cesser d’augmenter, rendent impossible toute cohésion nationale et plombent l’économie. Pourquoi sommes-nous à la traîne des économies européennes malgré la reprise ? L’usine à gaz du prélèvement de l’impôt à la source va coûter cher aux PME, les transformant d’employeurs en employés de l’État mais à titre gracieux, pour la collecte de l’impôt sur le revenu, tout cela avec des calculs d’une extrême complexité. Le principe même du prélèvement à la source entretient l’illusion de la gratuité puisque désormais le contribuable ne fera plus l’effort de payer lui-même ; c’est entretenir le sentiment que la dépense publique sera pour autrui c’est-à-dire encore les entreprises. En Suisse, le citoyen est proche de la décision ; pas en France. Cette trouvaille de Hollande et de son équipe de bras cassés socialistes, reprise par Macron, n’est qu’une idée de technocrates. Tout en France est fait pour tuer le patrimoine. La suppression de l’ISF pour les seuls détenteurs de capitaux ou la loi sur le secret des affaires sont les vrais marqueurs de la ploutocratie macronienne.
Zadistes, étudiants, cheminots, avocats et magistrats, médecins, infirmiers, personnels d’Air France, la France gronde catégoriellement.
Macron fait face, il gagnera sans doute sur quelques fronts. Sa fermeté avec les cheminots ne fera pas baisser la dette de la SNCF ni de la France. Il semble bien que s’il n’y a pas convergence des luttes et si les désordres se prolongent, mais sans souci majeur, il pourra en profiter et s’imposer aux élections européennes comme le défenseur de l’ordre, voire de l’État de droit qui néanmoins ne cesse d’être bafoué à longueur de journées ! Dernièrement encore des syndicalistes d’EDF ont annoncé des coupures ciblées.
Les effets d’annonce ne suffisent plus. Supprimer à partir de 2020 le recrutement des cheminots sous statut – et encore ! – c’est prendre une mesure dont l’impact sur les comptes de l’entreprise est négligeable au regard de la dette de 50 milliards dont le seul service coûte 2 milliards par an !
Macron pensait que les syndicats protesteraient pour la forme, un peu comme après la réforme du code du travail. Qu’en sera-t-il demain ? Répéter qu’il ne cédera pas, lui donne l’impression d’avoir de l’allure. Mais cela suffira-t-il ?