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« Les indépendantistes préféraient perdre par forfait plutôt que dans les urnes. »

Un entretien avec Elizabeth Nouar.

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« Les indépendantistes préféraient perdre par forfait plutôt que dans les urnes. »

Après la victoire du « Non », quel est l’état de l’opinion, en Nouvelle-Calédonie ?

Incontestablement, c’est le soulagement qui domine mais aussi un goût d’inachevé parce que les Calédoniens savent que rien n’est encore réglé. Ce troisième référendum a été complètement atypique. Il a été réclamé et déclenché par les indépendantistes, alors qu’il n’était pas obligatoire, et ils ont finalement refusé d’y participer, provoquant une victoire écrasante du non à l’indépendance à 96,50%.

Leur non-participation a cependant permis d’éviter la tension que la Calédonie avait vécue lors des deux précédentes consultations et notamment lors du référendum de 2020. Cette séquence référendaire – avec trois référendums en quatre ans – provoquait une vraie lassitude dans la population calédonienne. Elle est satisfaite que le troisième référendum mette, enfin, un terme à l’Accord de Nouméa, signé en 1998 pour 20 ans, et permette de tourner une nouvelle page qui est très attendue. 

Le boycott des indépendantistes avait-il une autre raison que leur anticipation d’un troisième échec, même à une faible majorité ?

Les indépendantistes auraient perdu ce troisième référendum, c’est une certitude. Et tous les observateurs prévoyaient un recul du oui à l’indépendance après qu’il a obtenu 43,3% en 2018 et 46,7% en 2020. 

Plusieurs éléments étaient venus les fragiliser ces derniers mois, comme les violences commises lors du conflit de l’usine de nickel du Sud ou l’étalage de leurs divisions au moment de l’installation du gouvernement. S’est ajoutée à cela la crise sanitaire, où l’aide massive de la France a prouvé que la solidarité nationale était indispensable pour faire face à l’épidémie. Sans oublier le document de l’État sur Les conséquences du « oui » et du « non » qui démontrait, clairement, les difficultés auxquelles serait confrontée une Calédonie indépendante.

L’appel à la non-participation était donc clairement un aveu de faiblesse. Les indépendantistes préféraient perdre par forfait plutôt que dans les urnes.

Les kanak ont-ils réellement des rites funéraires qui empêchent toute vie sociale ?

Les indépendantistes ont invoqué la crise sanitaire pour demander le report du référendum mais la vague épidémique, qui a débuté le 6 septembre et qui a fait 280 morts, a été rapidement maitrisée. Comme partout dans le monde, cette crise a bouleversé notamment les pratiques funéraires en empêchant les grands rassemblements alors que, chez les kanak, les obsèques ont un rôle social et coutumier avec la présence des clans proches et des oncles utérins. Mais le deuil kanak a été instrumentalisé par le FLNKS et par le sénat coutumier qui a décrété un improbable deuil d’un an. Cela a été dénoncé par les mélanésiens loyalistes qui affirment que cela s’inscrit en faux avec les règles qui les régissent. La période de deuil existe dans la coutume mais elle est portée par les familles touchées par un décès. 

La faiblesse de la participation a-t-elle des conséquences sur la légitimité du scrutin ?

43,87% c’est un taux très faible, chacun en convient, d’autant plus que la participation avait atteint 82% pour le premier référendum et 86% pour le deuxième. Mais le président de la commission de contrôle de la consultation, Francis Lamy a affirmé – comme tous les juristes – que cette très forte abstention « n’affecte pas la régularité ni la sincérité du scrutin ». La valeur juridique du troisième référendum est pleine et entière puisque que le vote n’est pas obligatoire en France et qu’il n’existe pas de seuil de participation pour valider un référendum. 

La consigne de non-participation des indépendantistes a été très suivie. Cela traduit-il une discipline de la part de leurs militants et une homogénéité du vote kanak ?

C’est une question très intéressante parce qu’en réalité la liberté de vote n’existe pas partout, aujourd’hui, en Nouvelle-Calédonie. En milieu kanak, les pressions morales, sociales, communautaires ou politiques sont une réalité puissante qui, cette fois-ci, a dissuadé de nombreux électeurs de se rendre aux urnes. Il était très difficile, en milieu tribal ou dans les petites communes indépendantistes, de ne pas se soumettre à ce mot d’ordre et d’oser se rendre dans un bureau de vote. Lors du deuxième référendum, des pressions fortes avaient été exercées par des militants FLNKS autour de plusieurs bureaux et certains électeurs qui avaient voté « non » ont subi de violentes répressions. C’est aussi ce qui relativise beaucoup la sincérité du vote d’une partie de la population mélanésienne.

Sent-on une influence chinoise, en Nouvelle-Calédonie, dans la manière dont les indépendantistes parlent et agissent ?

On sait que l’impérialisme chinois se manifeste partout dans le Pacifique sud avec une présence très forte, aujourd’hui, dans la plupart des petits états insulaires qui sont devenus des satellites chinois.

Il est clair qu’une Nouvelle-Calédonie indépendante tomberait sous l’influence de Pékin qui est déjà son premier client pour le nickel, dont le territoire détient un quart des réserves mondiales. Il existe de nombreux contacts entre les milieux indépendantistes calédoniens et des organisations et responsables chinois, mais ils sont tenus naturellement très secrets et Paris a, depuis plusieurs mois, allumé des contre-feux. Sa présence en Nouvelle-Calédonie conditionne l’influence géopolitique de la France, dans cette région du monde et c’est un point essentiel de l’axe indopacifique qu’elle cherche à développer.

Même si l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie serait une très mauvaise nouvelle pour la France, n’y a-t-il pas en effet, depuis que la France a colonisé ce territoire au XIXe siècle, un défaut initial dans la manière de traiter les indigènes ?

C’est tout l’inverse et c’est de l’histoire ancienne ! On ne peut pas reprocher tout et son contraire à la France et il faut se souvenir que les Anglais, à la même époque, ont décimé les populations autochtones. Les aborigènes d’Australie et les maoris de Nouvelle-Zélande ne sont plus que de toutes petites minorités. La France, à l’inverse, a choisi de “civiliser” les populations indigènes et de les intégrer même si le processus a parfois été douloureux. Elle a, également, respecté leurs coutumes en laissant exister, à côté du statut civil de droit commun, un statut civil coutumier. Aujourd’hui, un jeune kanak a les même droits et la même formation qu’un jeune appartenant aux autres ethnies qui peuplent la Calédonie. Depuis 30 ans, un effort considérable de rééquilibrage a, en outre, été effectué même s’il reste des pesanteurs, comme dans toute communauté humaine. Il faut aussi prendre en considération que le gouvernement, le congrès et deux provinces sur trois sont aujourd’hui présidés par des kanak et qu’ils sont nombreux à occuper des postes à responsabilité dans l’administration et dans le secteur privé. Il faut arrêter de raisonner avec des idées et des caricatures d’un autre siècle !

Aujourd’hui, quels sont les choix politiques raisonnables pour l’avenir d’une Nouvelle-Calédonie française ?

C’est toute la question ! Mais quand le chef de l’État prend acte solennellement « du résultat de ces trois scrutins qui confirment la volonté exprimée par la majorité des calédoniens de rester dans la République et dans la Nation française », on comprend que le prochain statut ne pourra s’inscrire qu’au sein de l’ensemble français. Le problème, c’est que ce cycle référendaire n’a rien tranché. Il a seulement révélé, une fois de plus, la triple fracture politique, géographique et communautaire de la société calédonienne. Les plus pessimistes y voient un retour à la case départ. Les plus optimistes se disent qu’il y a une exception calédonienne et qu’il faut s’atteler à la recherche d’une solution institutionnelle novatrice qui prendra en compte le pluralisme des identités calédoniennes. Elle pourrait s’organiser autour de la prééminence des collectivités provinciales. De toute façon, cela nécessitera une modification de la Constitution française.

Propos recueillis par courriel par Philippe Mesnard

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