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Le temps du constitutionnellement correct

Un état des lieux préoccupant.

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Le temps du constitutionnellement correct

Un exécutif qui impose à coups de 49-3 des lois rejetées par la majorité du peuple et celle des députés élus au suffrage universel. Et qui, lorsqu’il se sent tout de même tenu de ne pas abuser, s’arrange pour que le Conseil Constitutionnel expurge ses textes des concessions qu’il a été obligé d’accorder à certains de ses adversaires afin d’obtenir une majorité de votes à l’Assemblée nationale. Trente-deux départements qui annoncent qu’ils n’appliqueront pas cette loi. Un pouvoir de fait monarchique qui se révèle ainsi incapable de faire appliquer la loi. Un totalitarisme intellectuel, moral et politique étouffant, une dictature de fait des « assoces » de tout poil. Une École et des médias assénant en permanence la propagande politiquement correcte.

L’impuissance organisée

Nous sommes ici en présence d’une structure de complexe, au sens psychologique du terme. La récente loi sur l’immigration révèle le degré ultime de développement de ce complexe. Le pouvoir a fait adopter par le Parlement une loi visant à mieux juguler l’immigration. Les opposants à ce texte n’admettent pas leur défaite. Les contestataires sont certes dans leur droit en saisissant le CC, mais ils savent pertinemment que le texte qu’ils réprouvent ne viole pas les droits des personnes garantis par la constitution. Les conseils départementaux réfractaires, eux, violent délibérément la loi (et la constitution elle-même) en refusant de l’appliquer. Que croyez-vous qu’il va se passer si le CC valide la loi dans son ensemble ? Le pouvoir, va-t-il saisir la justice administrative ? Et, si oui, que va faire celle-ci ? Eh bien, elle renverra les parties dos à dos. Elle reconnaîtra la faute des rebelles tout en estimant que le pouvoir central ne peut les sanctionner. Elle admettra que cette faute est pardonnée si les conseils réfractaires dégagent des ressources financières ou prennent diverses mesures aptes à annuler les effets des dispositions les plus restrictives de la loi. Mais on peut tenir pour assuré qu’en aucun cas, elle ne déclarera les fautifs coupables de violation de la loi et que jamais, au grand jamais, elle ne les condamnera, ce qui permettrait au ministère de mettre fin à leur insubordination. Et la situation des deux parties sera facilitée si le CC n’invalide que les aspects les plus contestés du texte de loi, ceux qui correspondent aux concessions que le pouvoir a dû faire, contre son gré, aux députés LR, sachant très bien que les « sages » les rejetteraient, ce qui lui permettra de promulguer la loi telle qu’il la souhaitait au départ. Et, en fin de compte, le pouvoir aura accouché d’une loi qui ne produira aucun effet de réduction des flux migratoires, ce qui était pourtant sa raison d’être. Et, de surcroît – et c’est un comble – l’application de cette loi sera abandonnée à la discrétion des conseils départementaux, ceux-ci pouvant impunément la bafouer.

On pourrait multiplier les exemples de lois rendues inopérantes sous les pressions conjuguées de leurs opposants et des lobbies intéressés à leur impuissance, de par une rédaction équivoque des textes, ou l’absence ou la rédaction ambiguë des décrets d’application censés les rendre opérationnelles. Citons, à titre d’exemples, les réformes scolaires qui n’ont en rien relevé notre école (au contraire), ou la loi instituant un service minimum dans les services publics, rendue délibérément inapplicable.

La constitution, gardienne de principes tabous et garante de l’immobilité

Mais le plus aberrant – et le plus spécifiquement français – est sans doute la volonté d’immobilité qui préside à cette incurie. En France, ce pays si fier de son passé révolutionnaire, tout semble fait, au niveau de la décision politique, pour que rien ne change. C’est le sur-place permanent, le « un pas en avant, deux en arrière » perpétuel, le rétropédalage organisé. Les motifs les plus divers sont évoqués à l’encontre de toute mesure qui permettrait de mettre fin à une situation délétère. On évoque le caractère à la fois rétrograde et nocif ou inefficace de la réforme discutée. Mais, depuis quelque temps, et singulièrement lorsqu’il s’agit d’une question comme celle de l’immigration, c’est au nom de la constitution, qu’on s’oppose, des « valeurs de la République » Désormais, il n’est plus question d’intérêts, mais de « valeurs ». La différence est sensible : on passe du registre de l’histoire, du progrès, à celui de l’éternité, du sacré. On ne conteste plus pour améliorer les choses en réformant au nom de l’efficacité, de la raison, mais pour les laisser subsister telles qu’elles se présentent, avec leurs défauts, même si ces derniers engendrent des effets nuisibles. Le critère d’option en faveur d’une réforme n’est plus l’intérêt et le service du bien public, mais la conformité aux « valeurs de la République », censément énoncées et garanties par la constitution érigée en table de la Loi. Toute initiative politique doit être rapportée à ce texte sacré qu’est devenue la constitution, et dont les « sages » du Conseil Constitutionnel sont les exégètes autorisés. La constitution est ainsi devenue la garante de l’immobilité de principe. Les dispositions restrictives de la récente loi sur l’immigration, sont ainsi inconstitutionnelles, donc inapplicables, ce qui rend le reste du texte inopérant et inutile. Et ainsi subsiste une situation mauvaise, à laquelle il est interdit de mettre fin. La constitution, devenue taboue, joue un rôle inhibiteur. Et cette inhibition interdit au pays de résorber ses difficultés, faisant de sa situation un marasme, source de régression.

Une régression psychique de l’esprit public

Une régression au sens psychique de ce terme. C’est-à-dire une fixation à un stade psychologique qu’il conviendrait de dépasser, génératrice d’une inaptitude à évoluer, et d’une inflexion morbide de la pensée fondée sur une interprétation du réel découlant des affects suscités par celui-ci sur l’esprit, lequel se trouve, dès lors, marqué par la superstition et l’interdit, allant jusqu’à l’emprisonner dans un kyste de représentations purement affectives qui l’empêchent de maîtriser le réel. De même que le névrosé obsessionnel, terrorisé à l’idée de sortir de sa camisole de superstitions qui le protège, croit-il, d’une réalité que, par là même, il ne peut dominer, faute d’oser l’affronter, notre nation ne peut se résoudre à s’affranchir des tabous qui structurent sa pensée, ce qui détruirait le système moral et intellectuel qu’elle s’est ainsi formée. Et l’incapacité à se résoudre à affronter le réel mène à tout faire pour surtout ne pas le changer, ce qui changerait, du même coup, le sens de la vie que notre nation s’est donné. La pensée de notre nation, ainsi, tourne en rond dans son kyste psychique et moral, ce qui l’amène à s’empêcher d’appliquer les solutions propres à résoudre les problèmes, au nom de principes inscrits dans notre constitution. Ces derniers, au lieu de jouer le rôle de références éthiques destinées à inspirer ou borner l’action politique, deviennent des instruments propres à l’empêcher ou, si elle est tout de même accomplie, à la rendre inopérante, et à chercher des solutions délibérément inadaptées, tout simplement parce qu’elles sont aussi abstraites que ces principes. Au lieu d’aller de l’abstraction à la réalité concrète, on reste en permanence dans l’abstraction, et on utilise les principes inscrits dans la constitution pour empêcher la résolution des problèmes et l’ajourner indéfiniment, dans un au-delà hypothétique, présenté comme devant advenir parce qu’il est régi par les préceptes fondateurs de nos institutions. Cela revient tout simplement à confondre l’idéal et la réalité, et à croire que les promesses utopiques faites à l’occasion de notre Révolution française et de nos révolutions ultérieures ne peuvent manquer d’être tenues un jour ou l’autre, alors que tout le monde sait qu’elles n’expriment que des rêveries destinées à se fracasser contre la réalité.

Un peuple aliéné

Une telle attitude, confortée en permanence par notre classe politique, notre intelligentsia, notre école et nos médias, relève de l’aliénation. Le peuple français, en effet, ne se possède plus lui-même, n’a plus la maîtrise de sa pensée, et ne se détermine plus qu’en référence à des principes aussi sommaires que de simples slogans, et dont l’adhésion à eux relève du réflexe de Pavlov. Il s’est littéralement enfermé dans son utopie, et la « constitutionnalite » actuelle en est l’ultime avatar. Elle résulte de l’obstination à récuser le réel. On ne conteste plus une mesure parce qu’elle peut se révéler inefficace et/ou génératrice d’effets nocifs d’ordre concret, matériel, mais parce que, même efficace, elle serait en contradiction avec les principes censément inscrits dans notre constitution. Il est remarquable que les opposants à la récente loi sur l’immigration arguent uniquement de son caractère (prétendument) inconstitutionnel et (tout aussi prétendument) discriminatoire, n’en contestent pas (ou guère) l’inefficacité (prétendue), et ne proposent aucune solution alternative crédible. Concernant le problème de l’immigration, ils n’en contestent pas (ou guère, encore une fois) la réalité, mais ils estiment que l’importance accordée à ce dernier résulte plus du racisme de notre société que de nuisances effectives, et ils n’envisagent donc pas autre chose que de laisser la situation présente en l’état, d’en appeler à la conscience morale du public, et d’invoquer les droits de l’homme et les principes de notre constitution.

Et ce type d’attitude se manifeste dans nombre de domaines autres que la question de l’immigration. On le remarque dans le débat relatif au nécessaire redressement de notre système scolaire ; en cette matière, d’aucuns s’opposent à toute réforme qui introduirait plus de discipline, d’exigence de niveau aux examens, de sélection, et un retour à la prévalence de la transmission des savoirs. On l’a remarqué aussi à l’occasion de la réforme des retraites, lorsque les opposants à la loi (d’ailleurs critiquable), là encore, se sont montrés incapables de formuler une contre-proposition sérieuse, certains étant même allés jusqu’à nier la réalité du problème.

Les conséquences fatales d’une démocratie fondée sur une utopie. Le constitutionnellement correct

Désormais, on s’oppose par principe, et la constitution sert de repoussoir ou de bouclier, et de justification. Elle est – avec les « valeurs de la République » – tout ce qui reste du grand idéal français de démocratie devant mener l’humanité à un avenir de félicité indépassable. Car tout le reste a été démenti par l’histoire. Les belles promesses de la Révolution française et de tous ceux qui, par la suite, ont prétendu les tenir, n’ont pas été tenues et n’ont pas pu l’être. Ne restent que les grands principes, les « valeurs » (ce mot passe-partout) que nous évoquions, les uns et les autres celés dans une constitution kystique, camisole morale en laquelle la pensée se tord, se trémousse, sans pouvoir en sortir, sans même songer à le faire.

En vérité, nous vivons l’aboutissement de la conception française de la démocratie, marquée par une révolution porteuse d’une utopie, et qui nous a fait passer sans transition d’une monarchie absolue à une démocratie à la fois grevée de toutes les illusions égalitaires et du legs hiérarchique et aristocratique de la monarchie et de la société d’ordres d’Ancien Régime. Dans les autres pays occidentaux, la démocratie a résulté soit d’une évolution graduelle marquée par une adaptation à l’évolution générale du monde (cas de la Grande-Bretagne, de l’Italie, des pays scandinaves, du Canada), soit de circonstances, souvent violentes, qui l’ont imposée comme le seul régime possible (cas de l’Irlande, de l’Allemagne, de l’Espagne, du Portugal, des pays d’Europe centrale et orientale, des pays d’Amérique latine). Aux Etats-Unis, elle est apparue d’emblée comme le régime le plus en accord avec le libéralisme anglais et protestant, dès lors que les colonies britanniques d’outre Atlantique s’étaient coupées de la Grande-Bretagne, restée monarchique, quoique libérale et parlementaire. Dans tous ces cas, l’utopie y était parfaitement étrangère.

Rien de tel en France. L’inadaptation politique et morale de notre pays (lequel vivait dans le cadre de la plus étroite société d’ordres et sous la plus absolue des monarchies) à l’évolution du monde provoqua le séisme révolutionnaire avec sa tentative de reniement de tout notre passé national et son utopie démocratique ; égalitaire et fondée sur la seule raison et le culte du progrès au service d’une humanité déifiée. Aussi, tandis qu’ailleurs on construisait progressivement, et d’ailleurs non sans mal, une démocratie (toujours imparfaite) de manière pragmatique et dénuée d’utopisme, en France, on cherchait la terre promise de la démocratie libertaire en même temps qu’égalitaire; socialiste en même temps qu’individualiste et hédoniste. On considérait qu’une démocratie est toujours critiquable tant qu’elle ne se présentait pas sous cette forme, et on vilipendait les régimes qui se succédèrent après la Révolution, toujours au nom des promesses de 1789, de 1793-1794, qui s’enrichirent ultérieurement des théories socialistes que, du reste, elles avaient inspirées ; et, bien entendu, au nom des immortels principes gravés dans le marbre de nos constitutions républicaines successives, devenus les « valeurs de la République ». Aussi, alors qu’ailleurs, on admettait l’imperfection de la démocratie et la nécessité, pour tout gouvernement, de mesures drastiques, imposées par les circonstances, en France, on considérait – on considère toujours – une telle attitude comme scandaleuse et inconstitutionnelle, puisqu’elle viole les immortels principes de notre République. C’est la négation du principe de réalité, la méconnaissance de la loi de la nécessité, « la première des lois », disait Napoléon. Sous l’influence de ses intellectuels, de ses enseignants, de sa classe politique, le peuple français tourne en rond dans ses grands principes celés dans la constitution, inviolable et sacrée, alors que tout s’écroule autour de lui, que son système politique n’est plus un modèle pour personne au monde, et que le refus de se colleter au réel l’enfonce dans la décrépitude. À tel point que, pour éviter le pire, pour vaincre ces blocages mortifères, les auteurs de la constitution actuelle ont dû concevoir un article 49-3, sans équivalent dans aucune démocratie, véritable violation de la démocratie en pleine démocratie. Un comble ! Et, quand on ne peut plus user de cet article, on compte sur le Conseil Constitutionnel pour rendre inefficace une loi nécessaire mais dénoncée par d’aucuns comme contraire à nos grands principes et à notre bonne vieille utopie.

Indéfectiblement chevillé à celle-ci, conditionné en permanence par nos « élites », coupé du réel, l’esprit de notre peuple ressasse, radote, divague, et évoque de plus en plus l’inconscient d’un déséquilibré. Et, en conséquence, l’exécutif, prompt à imposer ses mesures à coups de 49-3, mais sanctionné en permanence par l’intelligentsia et les « assoces », et bafoué par les potentats régionaux, n’a qu’à se lover douillettement dans les critères du « constitutionnellement correct » édictés par les « sages » du Palais-Royal.

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