France

Un peu de Trogneux
L’avantage des vacances, c’est que l’on peut réfléchir sans mauvaise conscience à des choses futiles.
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Pourtant tout avait bien commencé : une interpellation familiale à l’heure du laitier, une garde à vue notifiée au visa d’une « top » incrimination criminelle, une saisie concomitante de plusieurs véhicules des grands-parents laissant supposer la recherche de traces de sang, on allait voir ce que l’on allait voir :
Le patriarche intégriste et autocratique qui traversait le village à cheval en hobereau méprisant, croulant sous le poids conjugué des résultats de la somme inédite d’investigations policières et des déclarations probablement divergentes de son épouse, frêle femme soumise au ridicule bitos jaune, allait enfin avouer l’homicide (aveu souhaité) ou à tout le moins la manipulation de cadavre (aveu de consolation) de son petit-fils.
Les « sachants », psy de plateau ou journalistes trentenaires « spécialistes de la rubrique justice / police » envisageaient même que le monstre, décrit comme très résistant, ne passât aux aveux que dans les dernières heures du 2e jour de sa garde à vue sur une question piège à dimension affective posée par un enquêteur, réveillant en lui une once d’humanité ou (tant pis ils s’en contenteraient) sa fibre religieuse. Donc le parti des médias, à quelques exceptions près, orchestra dés l’aube du 1er jour le bal des soupçons.
Non sans se mettre à couvert, doit-on le souligner, derrière le rappel ad nauseam de la présomption d’innocence avant chaque intervention accusatrice portée contre le grand-père, façon vicieuse de s’auto-octroyer un totem d’immunité juridico-morale par une manière particulièrement subtile de prétérition. À la décharge des médias à charge, il faut bien admettre que le satrape du Haut-Vernet a tout fait pour favoriser l’esquisse médiatique d’un « profil troublant » et d’une « personnalité inquiétante », « qui interroge » à partir d’un casier extra judiciaire particulièrement chargé. Jugez un peu le blaze de concours :
L’ on aura donc compris qu’à partir de ces 48h quasi effectives de garde à vue débouchant sur l’implication du grand-père, fût elle minime , dans la réalisation de l’homicide et de ses suites, tous les ingrédients indispensables étaient réunis pour instruire concomitamment le procès du patriarcat, de la violence machiste intra familiale, de l’obscurantisme de l’intégrisme religieux, de l’ arriération sexuelle des « catho tradi » au regard des valeurs du Planning familial, du natalisme flamboyant des « catho lapines » des dérives des « catho fachos », et bien sûr, de l’extrême droite en général… Rarement une affaire criminelle cristallisait elle autant de traits d’une figure archétypale du monde d’avant-hier, les mines gourmandes des « journalistes » sortis premiers de Science Po et des « experts conjecturants » qui conduisaient le bal depuis 48 h laissant imaginer le régal à venir.
Hélas, vers la fin de la nuit, fin brutale du bal médiatique : le grand-père et les siens étaient relâchés sans que la moindre charge soit retenue contre eux nonobstant les soupçons « plausibles » au vu desquels ils avaient été mis en garde-à-vue. La mine décomposée de beaucoup sur les plateaux ne s’expliquait pas vraiment par l’heure tardive. Et même si dès le lendemain, l’espoir reprit avec la conférence du Procureur de la République indiquant que la piste familiale n’était pas définitivement refermée et BFM révélant l’existence d’enregistrements de conversations dans lesquelles les enfants du grand-père accusaient celui ci d’être violent, l’on sentait bien que le cœur n’y était plus… L’aube se levait sur la musique éteinte du bal des salauds qui, dans leur naufrage déontologique et moral, sûrs d’incarner la Vertu, avaient insulté en toute bonne conscience la mémoire du petit garçon qui reposait sous la terre glacée du Haut-Vernet.