Quelle idéologie, quel régime politique mérite cette qualification rien moins que flatteuse ?
L’expression est historique : le pape Pie XI s’en est servi en 1937 pour fustiger et condamner dans une encyclique le régime communiste. C’est une condamnation sans appel car cette locution définit une perversion de nature, donc en soi inamendable, à rejeter en entier. Le Saint-Père dénonçait notamment l’athéisme militant de ce régime qui le conduisait inexorablement à persécuter les chrétiens. Et pourtant, l’année précédente, Staline avait fait promulguer une nouvelle constitution garantissant les libertés de conscience, de culte religieux, de parole, de presse, de réunion… Remarquable salut hypocrite aux droits naturels fondamentaux qui sera repris et confirmé par Léonid Brejnev dans la constitution de 1977. En remontant plus loin, au modèle politique vénéré de Lénine, la Révolution française, rappelons le fameux pas de liberté pour les ennemis de la liberté proféré par Saint-Just…
C’est une caractéristique constante des idéologies totalitaires : leurs sectateurs ne peuvent s’empêcher de tomber dans le vice intellectuel et moral le plus profond, qui est de déroger au principe fondamental de non-contradiction ; ces personnages, mis en scène par George Orwell dans son génial et terrible 1984, sont des pratiquants consciencieux de la double pensée, qui admet d’un seul élan une chose et son contraire : préfiguration troublante du en même temps macronien, ne trouvez-vous pas, ami lecteur ? Ce principe de non-contradiction ressortit non seulement au brave et simple bon sens, mais il est aussi la base de toute science démontrable, de toute crédibilité philosophique et même de toute construction théologique : Dieu ne peut à la fois être et n’être pas !
Une option sur le néant, un signe avant-coureur d’effondrement
Violer ce principe est donc une fissure fatale, une option sur le néant, un signe avant-coureur d’effondrement : la Révolution française s’est dissoute entre les mains de Bonaparte, et l’Union Soviétique a fini par imploser ; hélas, la malfaisance de ces régimes subsiste et continue à infecter post mortem : certains disent que la France est le pays où le communisme prospère de manière sournoise… Quoi qu’il en soit, la République à la française n’échappe pas à la violation du principe de non-contradiction ; la juxtaposition dans ses textes de l’interdiction de la peine de mort et de la promotion de l’avortement en tant que droit inaliénable est un méphitique exemple ; et comme cela ne suffit pas, le clergé républicain projette une canonisation constitutionnelle de plus : les deux assemblées censées nous représenter, regroupées en un troupeau bavard appelé Congrès, doivent consacrer cette forfaiture intellectuelle et morale d’insertion du droit d’avorter dans l’empyrée de la sacro-sainte constitution de la Ve République. Comme toute initiative juridique de niveau élevé porte en elle des répercussions morales, cette mesure va aggraver la pression mortifère dans le monde de la « santé », mettre à mal la clause de conscience des praticiens, et installer le délit d’opinion déjà en gestation. L’institution de l’euthanasie devra logiquement suivre et ainsi parfaire la contradiction avec la prohibition de la peine de mort.
Que pouvons-nous faire, pauvres particuliers que nous sommes ? Prier, bien sûr ! Mais aussi voter, parler sans peur, témoigner, transmettre le meilleur, se souvenir de Soljenitsyne et de tous les dissidents religieux et laïcs : ils sont l’honneur de l’humanité et les acteurs indispensables du renouveau.