Publié par les Anciens de Sciences Po, le comte de Paris (promotion 1957) proposait cette réflexion.
L’agriculteur, jardinier et missionné de notre terre, sculpteur de nos espaces, se trouve confronté à un dilemme éthique : préserver l’identité, la diversité de nos terroirs et la saveur de nos aliments, ou bien accepter l’uniformité de monocultures intensives dont on constate partout les méfaits.
Poussé à produire massivement, il est contraint de s’endetter pour acquérir des machines de plus en plus sophistiquées et des engrais chimiques afin de doper une terre qui s’appauvrit de plus en plus. Etranglé par ses dettes, l’agriculteur hypothèque ses terres. Il devient ainsi le nouveau serf des banquiers, des groupes chimiques et de l’Etat. Cette nouvelle condition de servage le pousse inéluctablement vers le suicide ! Les terres arables s’amenuisent, le béton s’en empare et l’on voit ainsi pousser des aéroports inutiles tels des champignons vénéneux.
Respect des lois de la nature et de ses cycles
Il serait temps d’écouter ces êtres de bon sens qui connaissent l’influence de la lune et des vents, la diversité des climats de France, le bon usage d’une eau propre, tout comme l’utilisation d’engrais naturels et celui de plantes qui écartent les insectes nuisibles.
L’agro-écologie n’a heureusement rien de “politique” puisqu’elle se fonde sur les lois de la nature et ses cycles et sur le respect des traditions séculaires. Elle sait s’adapter à notre géographie, à nos climats, tout comme à l’histoire de nos terroirs si diversifiés. Elle ne saurait obéir aux stupides normes bruxelloises, car elle bouscule le rationalisme étroit de fonctionnaires ancrés dans une normalité qui se voudrait universelle et qui n’est que destructrice.
La voie de la sagesse, celle des paysans de France, comme dans d’autres contrées, va à l’encontre d’une économie mondialiste qui s’essouffle, ayant oublié d’être au service de l’homme. L’économie aux ordres du capital prône la consommation à outrance. Cette civilisation du kleenex jetable aboutit au gaspillage de notre nourriture et à son appauvrissement en oligo-éléments.
Heureusement bon nombre d’agriculteurs, de par le monde, nous démontrent la réussite de cette agro-écologie économiquement rentable. On pourrait alors rêver qu’un jour la France redevienne le merveilleux jardin où il fait bon vivre.
Henri d’Orléans, comte de Paris, in 140 idées pour la France, Paris 2015.