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Éric Ciotti ou le crépuscule des troisièmes couteaux

Éric Ciotti gère les débris de la pseudo-Droite républicaine. Toujours arrivé trop tard, il ne devient président des LR qu’au moment de leur irrésistible déclin. Toute son ambition se borne désormais à devenir maire de Nice.

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Éric Ciotti ou le crépuscule des troisièmes couteaux

Il y a quelques années, on ne le connaissait pas. Sauf dans le microcosme niçois et dans le sérail des Républicains. Ancien collaborateur de Christian Estrosi – il a fait ses gammes auprès de lui –, il a fini par s’en détacher après avoir été élu député en 2007, au moment de la vague Sarkozy. Ciotti, c’est un peu la revanche des troisièmes couteaux dans une droite qui ne finit pas de mourir depuis 2012. En effet, après trois défaites successives à l’élection présidentielle et l’élimination des barons de l’ère Sarkozy-Chirac, il ne reste plus qu’un parti moribond, peuplé d’élus locaux et de jeunes aux dents longues. Un parti qui n’a plus de militants – il suffit juste de voir des militants LR tracter sur un marché. Un parti qui s’est délesté d’une partie de ses électeurs partis dans les deux sens : les électeurs de centre-droit chez Macron et les électeurs populaires – ou récupérés en 2007 – partis chez Marine. Un parti qui s’est délesté de son électorat modéré (le bloc de droite en France a été une synthèse entre plusieurs électorats). Un parti, enfin, qui a cessé d’être intergénérationnel comme pouvaient l’être dans le passé le RPR ou le PS. Les électeurs LR sont plus âgés, composés de classes moyennes qui tendent cependant à se précariser.

On parlerait d’un électorat en déclin, qui survit tout simplement parce qu’il n’a pas été absorbé par d’autres électorats, même si l’élection présidentielle de 2022 a révélé le siphonnage de l’électorat de droite dans le bloc macroniste. Bref, un parti dont les trophées s’éloignent : une lointaine expérience du pouvoir passée. Désormais, le parti s’est recroquevillé sur une faible base sociologique. Mais surtout, il s’est replié sur lui-même : sur ses cadres et sur ses élus. Il lui reste quelques confettis pour maintenir l’illusion de la puissance. Un siège national avec quelques étages et deux groupes politiques parlementaires, dont l’un est relativement consistant au Sénat (145 élus avant les dernières sénatoriales du 24 septembre 2023). Mais cela ne doit pas faire illusion dans une situation qui équivaut à une pente glissante. Cela, Ciotti le sait. Il ne peut le dire et continue à faire comme si le parti était au mieux de sa forme.

L’homme qui n’aime pas la bouillie s’accommode de la bouillabaisse

Certes, l’homme à l’accent méridional veut avoir les coudées franches face à une droite qui, au pouvoir, a eu tendance à ménager la chèvre et le chou, c’est à dire la droite, le centre et même la gauche. Les Républicains peuvent se délester de certaines pudeurs. Comme sur l’immigration où ils peuvent s’en donner à cœur-joie sur l’identité. Désormais, Ciotti peut ouvertement faire campagne sur « l’avion ou la prison » pour les délinquants étrangers. Mais la musique n’attire pas forcément car d’autres partis se sont déjà engouffrés dans le filon migratoire. Le RN, quoiqu’adouci, ou Reconquête ! de Zemmour, qui n’hésite pas à reprendre des positions radicales du FN des années 1980 et 1990. Les Républicains peuvent dire ce qu’ils veulent, plus personne ne les écoute et ne les prend au sérieux. Ciotti n’a pas appelé à voter Macron en 2022. Il avait même indiqué en 2021, quand il était candidat à la primaire fermée des LR pour désigner le candidat à la présidentielle, qu’il serait prêt à voter Zemmour.

Mais ça, c’est Ciotti côté rue. Côté cour, Ciotti a aussi un pied dans un système qui est un peu une salade niçoise. En juin 2021, Ciotti appelle finalement à voter Renaud Muselier aux régionales après s’en être démarqué quelques mois avant. Renaud Muselier avait ostensiblement soutenu Macron, faisant apparaitre les listes de droite en PACA comme des listes macronistes. Le psychodrame des régionales de la PACA avait débouché sur une bouillabaisse où tout le monde mange dans le pot commun parce qu’il y trouve son intérêt. Autre aspect qui devrait attirer l’attention : Ciotti est questeur à l’Assemblée nationale. Il gère une partie de l’intendance des députés. Il dispose du pouvoir d’inviter ou de prêter des salles. Un pouvoir qui n’est pas négligeable. Il existe donc un Ciotti institutionnel qui est l’autre facette du personnage au verbe sonore. Pour certains bons connaisseurs de la politique, Ciotti lorgnerait en fait sur la mairie de Nice. La présidence des Républicains, il l’a conquise en décembre 2022 et se retrouve à gérer un parti dont les grands élus ne savent pas à quel saint se vouer. On l’a ainsi vu pour les députés LR lors de la réforme des retraites en 2023. Ciotti sait que s’il veut atteindre le trophée suprême du notable – la mairie de Nice –, il faudra multiplier les concessions, car ménager un électorat radicalisé ne suffit pas.

Une carrière ministérielle qui s’éloigne

Ciotti a 58 ans : un âge où on commence à entrevoir la retraite. Or en 10 ans, depuis 2012, Ciotti n’a pas été ministre. Il l’aurait vraisemblablement été si Sarkozy avait été réélu en 2012, ou si Fillon ou Pécresse avaient été élus. Ce ne fut pas le cas, et à moins que la droite ne reprenne le pouvoir en 2027, Ciotti a peu de chance de le devenir. Car entretemps, de nouveaux profils ont émergé en politique depuis 10 ans : de nouveaux députés, de nouveaux ministres… Même à droite, la concurrence est rude. Il y a Édouard Philippe, l’ancien premier Premier ministre de Macron, qui joue sa différence. Il y a aussi Le Maire et Darmanin. Pour mieux comprendre Ciotti, il faut analyser son non-parcours ministériel depuis 2012. Toutes les opportunités potentielles ont disparu avec les échecs successifs de la droite. Pas étonnant que Ciotti lorgne vers une fin de carrière de notable. Car à part prendre Nice, il n’y a pas autre chose. Pour la région PACA, c’est impossible : cette élection, qui se joue à deux tours depuis 2004, suppose le ralliement d’électeurs de gauche en cas de duel avec le RN. Ce qui est impossible pour Ciotti, qui a certes tenu des discours peut-être centraux, mais pas centristes. Ciotti ne jure que par Wauquiez, dont il attend qu’il devienne le candidat de droite en 2027. Un candidat qui aura fort à faire, car tous les créneaux – modérés ou populistes – sont préemptés.

On ne voit pas très bien quelle ligne le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes pourrait adopter : apparaître comme conservateur, mais avec le risque de faire du Bellamy local. Et surtout, de ne pas être forcément courageux (Wauquiez n’a-t-il pas reculé face à une gauche qui dénonça en septembre 2019 la subvention accordée à SOS Chrétiens d’Orient ?). À part citer David Goodhart sur l’opposition entre les Somewhere (« le peuple de quelque part ») et les Anywhere (« les gens de n’importe où ») et faire du marketing politique identitaire, Wauquiez n’a pas créé ce personnage à la fois institutionnel et disruptif vers lequel beaucoup pourraient s’agréger. C’est le risque de dernière cartouche pour une droite qui sait qu’après 2027, il n’y aura plus de rémission possible.

On peut craindre qu’après Ciotti, LR ne rejoigne définitivement le musée des partis qui ont périclité. La Ve République en est riche. La question ne sera lors plus de savoir si Les Républicains vont disparaître, mais comment. La seule et ultime question. Peu importe qu’on s’appelle Ciotti ou non. Au fond, le destin du député des Alpes-Maritimes aura été rattrapé par une évolution et une reconfiguration rapides de la vie politique. Un peu comme les élus de la IVe République finissante : certains auraient pu être ministres si De Gaulle n’était pas revenu au pouvoir en 1958. S’il avait été opportuniste, Ciotti ne se serait pas enfermé dans une niche électorale identitaire. Comme Estrosi ou Muselier, il aurait pu être « Macron-compatible ». Quitte à se renier ou à mettre de l’eau dans son vin. Sauf que dans ce jeu des chaises musicales, les places étaient déjà prises. Marx avait au fond cette remarque fort cruelle : les hommes font peut-être l’histoire, mais ils n’en font pas les conditions.

 

Illustration : Le 7 septembre 2023, Eric Ciotti, président des Républicains, député des Alpes-Maritimes, annonce aux responsables des Restos du Cœur qu’une aide supplémentaire de 50 000 € sera versée par le département des Alpes-Maritimes. Ceux-ci, éblouis, cachent leur émotion.

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