Après avoir réuni en ce mois de janvier les grands patrons du monde à Versailles, avoir couru à Davos pour s’entretenir en anglais avec les maîtres financiers, économiques et politiques de la planète, ceux qui jouent avec les milliards, qui ne demandent que la liberté de tout rafler et, bien sûr, de s’installer et de prospérer partout, Emmanuel Macron a cru bon dans la foulée d’aller s’entretenir avec le pauvre petit monde paysan du fond de l’Auvergne, les éleveurs en particulier qui n’arrivent plus à vivre : il a livré quelques paroles d’apparence définitive sur la nécessité de défendre le minimum vital de la France rurale.
Cette sorte de grand écart perpétuel qui est censé maintenir un équilibre ne révèle que trop où se porte le véritable intérêt de celui qui se considère maintenant, lui aussi, lui surtout, comme un maître du monde. Il s’entretient avec ses pairs, il leur montre son savoir et son habileté, puis il se penche, comme il le dit lui-même, sur le cas douloureux des laissés-pour-compte de la mondialisation qu’il faut tirer d’affaire, en leur allouant quelques droits dans le partage de la richesse produite. Le minimum vital ! Ce qui ne remet rien en cause. Il ne s’agit que d’éviter que ces « gens de rien » ne regrettent trop une France protectrice, une nation forte qui défend d’abord les siens.
Le grand danger, pour le chef de l’État, comme il l’a expliqué à Davos, est de voir ressurgir le protectionnisme et le nationalisme !
Ce dossier sur Lactalis ne prétend pas s’en prendre à une belle entreprise française devenue un champion mondial ; au contraire, comme il est expliqué dans les analyses qui suivent. Mais plutôt à un système dont la philosophie générale dicte sa loi à toutes nos élites dirigeantes. Élites, par ailleurs, prêtes à brader, comme le passé récent ne l’a que trop montré, les plus beaux fleurons français au nom d’on ne sait quelle nécessité financière !
Le vrai politique français doit d’abord s’occuper des intérêts français, les grands et les petits. C’est son premier devoir. Et la France, n’en déplaise aux mondialistes de tout poil, est une nation, une culture, un patrimoine, un art de vivre, une politique, une économie à défendre en priorité. C’est le bien temporel le plus précieux du peuple français. Ce n’est pas une pièce sur un échiquier mondial.