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Cinq années pour rien ! Bilan économique du macronisme

Emmanuel Macron a favorisé la bourgeoisie mondialiste tout au cours de son mandat : sans industrie, sans politique énergétique, sous perfusion de subventions, la France a creusé son déficit commercial et explosé sa dette. La France est plus que jamais dépendante de l’étranger, qui la rachète.

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Cinq années pour rien ! Bilan économique du macronisme

Bruno Le Maire, ministre de l Economie, des Finances et de la Relance, recoit Robert Habeck, vice chancelier, ministre de l Economie et de la protection du Climat de la Republique federale d Allemagne, pour un dejeuner de travail et une conference de presse. Paris, FRANCE-07/02/2022.//04MEIGNEUX_meigneuxA008/2202071730/Credit:ROMUALD MEIGNEUX/SIPA/2202071738

C’est à M. de La Fontaine qu’il faut faire appel pour comprendre le macronisme. Il y a eu le fameux « en même temps » qui s’en rapproche mais : « Je suis oiseau : voyez mes ailes … – Je suis souris, vivent les rats ! » lui convient parfaitement, il suffit de remplacer oiseau par libéral et souris par social-démocrate (finalement il penche plutôt pour les rats). Macron est social-démocrate nuance mondialiste, c’est bien connu, l’internationale sera le genre humain… Pour libéral, il en a le pire attribut, celui des mœurs, le sociétalisme ajouté à l’hypertrophie du moi, le sien et celui d’une société éclatée par l’individualisme rendant difficile la notion de bien commun. Aussi bien le parti socialiste ayant depuis longtemps dépassé sa date de péremption la place était à prendre, qu’on en juge : impôts, déficits, dette, poids de l’État, nombre de fonctionnaires et atteintes aux libertés fondamentales dont celle, économique, d’entreprendre… le socialisme est mort, vive le macronisme !

Gagnants et perdants du macronisme

On pourra ainsi s’étonner de l’adhésion qu’il suscite dans les milieux économiques. Pour comprendre cette adhésion il faut faire une distinction entre les gagnants du macronisme et les perdants, ces derniers n’ayant pas tout-à-fait mesuré encore leur disgrâce ; et tout l’enjeu des présidentielles est de leur faire comprendre qu’ils sont les cocus du macronisme. En termes de sociologie électorale, il s’agirait de rallier la classe moyenne supérieure à la classe moyenne et à la classe populaire qui ont déjà compris, étrillées comme elles le sont. De ce point de vue, le programme d’Éric Zemmour, comme celui de Fillon en 2017, semble se rapprocher de cette stratégie. Quant au dessus du panier, il vit et prospère de la mondialisation. Par-delà la sociologie, la question est celle de l’histoire et du déclin et de l’effacement français dont Macron est un des agents les plus zélés.

Startup nation, l’oxymore imbécile

Une nation n’est pas une entreprise et sa « gouvernance », comme l’on dit aujourd’hui, n’est pas de même nature, elles peuvent même être antinomiques, surtout dans un contexte de mondialisation. En dépit du fait qu’une nation a besoin d’entreprises tandis qu’une entreprise a aussi besoin d’une nation, voyez les plans massifs pour les secteurs les plus durement touchés par les effets de la pandémie : l’industrie automobile, l’aéronautique, le tourisme, la culture, la restauration, l’hôtellerie, au total, près de 500 milliards d’euros. Tout cela ne saurait déplaire aux chefs d’entreprises et aux cadres supérieurs ainsi qu’aux boomers, qui tremblent pour leurs retraites, mais c’est loin d’être une action libérale, elle est keynésienne à tout le moins. Et Keynes a toujours expliqué qu’une aide publique ne pouvait se concevoir que dans un cadre national. Mais le haut du panier, l’oligarchie monopolistique nomenklaturiste qui tire son épingle du jeu, se reconnaît dans Macron essentiellement pour ce qu’il lui prête en matière de «  progressisme » économique, de finance et de pseudo nouveau monde. La globalisation s’accompagne, en effet, de la naissance d’une nouvelle bourgeoisie dont les ambitions menacent les classes moyennes nationales. Cette nouvelle classe n’a pas la culture politique et civique des bourgeoisies traditionnelles. Son interface, voilà qui est bien connu désormais, n’est pas l’hinterland national (les périphéries, les territoires) mais les grandes métropoles de la mondialisation. Elle vit néanmoins dans la peur d’une révolte fatale. Cette hyperbourgeoisie voit en Macron, qui n’a jamais manqué une occasion de lui montrer qu’il est son agent le plus zélé, à la fois son modèle et son protecteur. Petit affairiste de la transaction bancaire (vente du département alimentation enfantine de Pfizer à Nestlé quand il était chez Rothschild), start-up nation et répression sévère des Gilets jaunes, blindés dans Paris pour l’accueil du « convoi de la liberté »… Après la République en (longue) Marche, la République Tien An men ! Mais ce n’est plus à l’aune des États-nations que se mesure la puissance, mais à la place des multinationales. C’est pourquoi le bilan national économique de Macron est assez pitoyable, lui le réformateur n’a guère reformé, pire, il aura prolongé les tendances structurelles d’une économie française déjà fortement atteinte, ou même envisagé d’aggraver le socialisme, par exemple sur l’héritage ou le projet de grande sécurité sociale intégrant les mutuelles. Examinons maintenant quelques-unes des « performances économiques du quinquennat ». Sous le signe de la procrastination et de l’omerta.

Les chiffres du commerce extérieur français 

84,7 milliards d’euros de déficit. Un record absolu. Au-dessus même du dernier record datant de 2011. Une part du déficit est liée à la facture énergétique, et certes cette facture ne lui est pas totalement imputable car il n’y a pas pénurie absolue mais défaut de politique énergétique suivie depuis plus de vingt ans, mais Macron a prolongé cette politique par sa défiance initiale à l’égard du nucléaire (Fessenheim) et a cru naïvement aux énergies alternatives (n’oublions pas que Hulot fut son ministre de la Transition écologique). Mais, hors énergie, le déficit s’est creusé de près de 10 milliards d’euros. La France est structurellement déficitaire en matière d’échanges extérieurs. Le principal moteur de notre croissance est la consommation. Et, en cette année de rebond de la consommation, dopée par les aides de toutes sortes et par l’effet rattrapage, la consommation des ménages a provoqué une envolée des importations. Comme disait le grand Sauvy à propos de la relance Mitterrand/Mauroy en 1981 : on a gonflé un pneu crevé et l’air est parti ailleurs… On a donné du travail aux ouvriers allemands et chinois. Pour contrer cette fâcheuse tendance on nous raconte, période électorale oblige, que la France est entrée en voie de réindustrialisation. L’industrie représente aujourd’hui moins de 10 % du PIB et après 40 ans de désindustrialisation, réindustrialiser paraît une tâche qui ne saurait occuper un seul quinquennat, fût-il le second. Surtout à deux mois de l’élection. Le nouveau programme du nucléaire, s’il faut certes l’approuver, vient en contradiction avec les discours passés et l’illusion des énergies de substitution. Après avoir bradé Alstom et les turbines Arabelle, les racheter maintenant, ce sont des milliards pour rien et du temps perdu. Mais surtout nous ne sommes pas sûr d’avoir les hommes et la technologie pour relancer immédiatement un programme d’EPR, sans oublier que le programme Astrid a été arrêté. Un spectacle lamentable de reprise de souveraineté après l’avoir piétinée, reprise qui pourrait d’ailleurs contraindre la France à aller chercher ses technologies transférées… en Chine, où deux EPR fonctionnent !

Le grand remplacement des entreprises françaises

Dans un registre assez proche, on se réjouit des IDE, Investissement directs de/à l’étranger, la « contribution des investissements internationaux en France au dynamisme et à la prospérité de notre pays » selon Bercy. Certes, les 16 600 entreprises étrangères implantées en France représentent 2,3 millions d’emplois. Voilà qui est bon à prendre assurément. La France est en effet devenue en 2019 le premier pays européen en matière d’attractivité. Mais comment s’explique cette attractivité ? Ce sont les infrastructures modernes et multiples, autoroutes, trains, aéroports, ports, réseaux de communication, instituts de recherche, laboratoires, bref tout ce qui en général est à l’initiative de l’État et donc payé par le contribuable, sans compter les aides publiques à l’attraction de capital. Ainsi, le capital privé étranger bénéficie de ces infrastructures pour coloniser l’économie française et délocaliser à volonté. Puisque l’actualité est à la pensée décoloniale, notons que c’est une situation exactement inverse de la colonisation à la française où l’État, en Afrique du nord, par exemple, construisit écoles, hôpitaux, routes, relais postaux, etc. Alors que le capital privé, comme l’ont bien montré les travaux de Jacques Marseille, fut timide et parcimonieux dans ses investissements outremer.

Le PIB et la croissance selon le charlatan Le Maire

L’INSEE nous a vendu, pour la plus grande joie de Le Maire, une croissance du PIB record. Mais regarder un seul trimestre pour des statistiques générales est incongru, il y a bien trop de variations et de saisonnalité pour pouvoir retirer des informations justes. Si l’on compare le 3e trimestre 2021 avec le 3e trimestre 2019, soit deux années, cela change tout et nous obtenons une baisse de -0,4 %. Ainsi non seulement nous avons dépensé plus que les autres, sans avoir moins de morts que les autres, mais en plus nous avons saccagé notre économie avec ce leurre du quoi qu’il en coûte. En France, ce qui est en croissance, ce sont les dépenses publiques et la hausse de l’immobilier… C’est-à-dire les composantes d’une économie sur le déclin. 

La facture du crétinisme woke

La France est sur le déclin selon les deux tiers des Français, faut-il penser que l’électorat de Macron est dans le dernier tiers ? Il est établi, quoi qu’il en soit, que nous somme au 23e rang pour la richesse par habitant, nous ne maîtrisons pas nos flux migratoires, qui coûtent « un pognon de dingue », nous sommes les champions de la taxation et, pendant ce temps, dans le champ du sociétal, le crétinisme woke occupe le devant de la scène. La crétinisation contemporaine des esprits est en effet une des conséquences des atteintes à la liberté de penser. Mais ce crétinisme a un coût, on peut légitimement tenir la généralisation de ce corpus idéologique pour un affaiblissement économique, les entreprises s’échinent à dépenser pour rester dans les normes de l’idéologie dominante : wokisme, indigénisme, racialisme, genrisme, intersectionalisme et autres fariboles ne relèvent pas des amusements des seuls Trissotin, Purgon et Diafoirus réunis (année Molière oblige !). L’homme déconstruit a un coût, il est un gage d’affaiblissement économique et moral, une forme de chantage mafieux dans le style : « Paye ou bien tu auras des ennuis avec la communauté woke ! ». 

Pandémie… budgétaire 

Dans un autre domaine, nous avons plus dépensé pour compenser le Covid, beaucoup plus que nos voisins européens. La dépense publique est passée de 1297 milliards à l’arrivée de Macron à l’Élysée à 1484 milliards en 2021. La dette ainsi contractée est détenue majoritairement à l’étranger, ce qui est une atteinte à notre souveraineté (la Chine en détiendrait au moins 200 milliards) tandis que le nombre des pauvres et des SDF n’a cessé de croître. Et tout cela est tu par l’ineffable rédacteur de romans Bruno Le Maire, la procrastination est reine sur les déficits, tandis que l’inflation qui commence sa spirale est minimisée : elle fonctionnera comme un impôt supplémentaire dans une France abreuvée de taxes.
Ainsi Macron aura-t-il prolongé les tares françaises si ce n’est aggravé celles-ci. Il était jeune, il était fringant, le nouveau président avec son nouveau monde ! Pour finir il n’a fait qu’aggraver les tares de l’ancien en nous proposant un nouveau monde répulsif qui nous prive en plus de ce qu’il y avait de bon dans cet ancien monde-là.

 

Illustration : Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, avec Robert Habeck, vice-chancelier, ministre de l’Économie et de la Protection du Climat de la République fédérale d’Allemagne. Le couple franco-allemand démontre sa complicité, fondée sur un respect mutuel.

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