France
Mort à Crédit
D’après Louis-Ferdinand Destouche, dit Céline (1894-1961). Adaptation et mise en scène Géraud Bénech. Avec Stanislas de la Tousche
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Adaptation de Marc Chouppart. Mise en scène Géraud Bénech. Avec Jean-Paul Farré et Marc Chouppart.
Tiré du magistral roman inachevé de Gustave Flaubert, l’adaptation de Marc Chouppart nous fait revivre les tribulations bouffonnes de Bouvard et Pécuchet, deux pauvres diables qui se rencontrent par hasard et se lient d’amitié d’autant qu’ils exercent le même métier de copiste et se découvrent les mêmes passions. Lorsque Bouvard hérite de son père, nos deux compères se retirent en Normandie avec de vastes projets tant matériels qu’intellectuels. D’une curiosité insatiable, sincères et naïfs, ils s’obstinent à toucher à tous les domaines du savoir pensant les maîtriser : art, sciences, politique, religion et amour… Incompétents et ridicules, leurs actions tournent toujours à l’échec sans que jamais ils renoncent. Bouvard et Pécuchet, c’est Pat et Mat, Don Quichotte et Sancho Pança, Laurel et Hardy… Aussi attendrissants qu’exaspérants, ils nous laissent, cependant, dans l’attente fiévreuse du résultat de leur prochaine quête empirique. Dans Bouvard et Pécuchet, symbole de l’abyssale bêtise humaine, ne retrouve-t-on pas Madame Bovary qui voulait être ce qu’elle n’était pas, son époux, Charles, qui se prenait pour un grand chirurgien, ou l’enthousiasme romantique de Frédéric Moreau dans l’Éducation sentimentale dont l’amour pour Madame Arnoux ne commencera et ne finira jamais. Bouvard et Pécuchet peut être le livre de la bêtise ou celui de l’innocence qui permet de s’émerveiller devant le monde en le découvrant mais il permet surtout à l’auteur de dénoncer la vanité humaine à laquelle il n’accorde aucune rémission : « … Je me débarrasserai enfin de ce qui m’étouffe. Je vomirai sur mes contemporains le dégoût qu’ils m’inspirent […] ce sera large et violent ».
Portés par la mise en scène brillante de Géraud Bénech, Marc Chouppard dans le rôle de Bouvard et Jean-Paul Farré dans celui de Pécuchet font vibrer le génie de Flaubert, son rire insolent et ses souffrances.
Illustration : © Sébastien Toubon
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