La Coface vient de publier une étude vantant les mérites du télétravail : « 160 millions d’emplois sont télétravaillables dans les économies à revenus élevés, tandis que les pays émergents comptent près de 330 millions de télétravailleurs potentiels. Alors qu’en Europe, près de 40 % d’actifs ont travaillé à distance à temps plein pendant le deuxième semestre 2020, l’étude évalue à 7 % les économies que réaliseraient les entreprises sur le coût du travail, si un emploi télétravaillable sur quatre était délocalisé. »
Voilà, le monde d’après ressemblera beaucoup au monde d’avant, en pire : après avoir massacré l’industrie, dans les pays développés, la finance va supprimer les services. On admirera au passage le génie de ceux qui ont favorisé la première casse au prétexte que le marché des services allait “exploser”, et le courage de ceux qui continuent à considérer la Chine comme une pays « en voie de développement » alors qu’elle domine la planète économique.
On ne pourra pas se consoler avec l’argent gratuit de l’assouplissement quantitatif, le quantitative easing : les robinets vont bientôt se fermer, l’Allemagne le réclame. L’inflation va faire son œuvre. Les ultra-riches s’enrichiront un peu plus. Ils investissent d’ailleurs en Chine, Bill Gates et Soros en tête, Chine qui elle-même torture l’Australie à petit feu, pour montrer au monde de quoi elle est capable et sous quelle bannière il doit se ranger.
Donc, la mondialisation ne va pas ralentir, et l’inflation va revenir : comment arrivera-t-on à concilier des plans de relance aux montants gargantuesques ? Ou bien les États continueront de racheter tous les actifs disponibles, avec quel argent, ou bien les taux augmenteront et les banques ne financeront les États qu’à des taux prohibitifs, sans que ceux-ci puissent soutenir la charge de la dette, ni continuer à soutenir l’économie réelle. Bref, les faillites s’annoncent à l’horizon. Les financiers se réjouissent : on va pouvoir continuer à concentrer tous les secteurs, à faire émerger des champions nationaux, régionaux (au sens où l’Europe est une région), mondiaux, tous cotés en Bourse, tous « créant de la valeur », avant de disparaître vingt ou trente après, géants fragiles. Ce sont les ménages qui en pâtiront, les classes moyennes et les moins riches. Bientôt sans travail et sans capital. L’ordre financier régnera alors.