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1918-2018 : un siècle après la victoire

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1918-2018 : un siècle après la victoire

On sait que la « Der des Der », bien loin d’enterrer toute guerre future, fut en fait la matrice de toutes les guerres à venir, en Europe et bien au-delà : la disparition des quatre empires russe, allemand, ottoman et austro-hongrois a jeté dans le chaos l’Europe, l’Orient, l’Afrique, et même le Pacifique… Un siècle après la victoire, que reste-t-il de 14-18 ? Tout d’abord, un souvenir profondément altéré : il faut aujourd’hui considérer comme une affirmation audacieuse le simple fait de rappeler que cette guerre a été menée, et gagnée ! par des Français qui se battaient pour leur patrie contre des Allemands. Des Français qui voulaient combattre, quand bien même la conscription a été l’occasion de massacres inédits dans l’histoire. Des Français intégrés dans une armée qui s’est réinventée en trois ans, passant de Napoléon, ou presque, à la guerre moderne, mécanisée et à distance. Il reste ensuite un couple franco-allemand qui, chaque jour, ressemble un peu plus au mariage de la carpe et du lapin, tant ce qui nous opposait alors, et au premier chef la volonté allemande d’imposer son joug à l’Europe, paraît aujourd’hui totalement ressuscitée : que valaient les principes qui ont présidé à la “paix” – c’est-à-dire à cette période qui permit à l’Allemagne de se réarmer grâce entre autres à l’argent américain –, et que valaient les alliances alors nouées ? Cent ans plus tard, le monde est encore plus incertain qu’il ne l’était. D’autres empires ont disparu, comme l’empire français et l’empire anglais, d’autres nations se sont affirmées, et « l’empire européen » – celui que prétend constituer l’Europe de Bruxelles – garantit moins que jamais à ses sujets la sécurité et l’harmonie. Comme dit Bruno Le Maire, dans un tweet du 9 novembre qui n’a pas déchaîné l’enthousiasme : « L’Europe doit s’affirmer comme un empire paisible dans les 25 années qui viennent. Cet empire doit être celui des droits de l’homme et de la croissance durable. » Macron peut bien rêver d’une Europe forte, et croire que l’armée française en sera le bras armé : même cet outil n’est plus que l’ombre de lui-même, et n’est efficace, par l’abnégation des soldats, qu’en temps de paix. Mais va-t-on vers la paix ou vers une Der de plus ?

Par Philippe Mesnard

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