France
Notre-Dame, Reine de douleur, Reine de victoire
D’après l’ouvrage de Sylvain Tesson, lu en alternance par Samuel Labarthe, François Marthouret, Claude Aufaure et Christophe Barbier.
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Dans ce qui est peut-être son chef-d’œuvre, Septentrion, Jean Raspail décrit des hommes gris pourchassant des hommes vêtus en couleur et aux caractères bien délimités. Les hommes gris sont ces êtres formatés par l’Onu ou un machin comme ça. Certains spécimens de notre humanité ont-ils pris conscience de ce ravage et cherchent-ils à se singulariser par la pratique effervescente du tatouage ?
Ce qu’on en voit de tatoués ! Tout nus sur les plages, certes, mais encore de manière plus sournoise aux terrasses de café où, dès qu’il commence à faire un peu beau, à défaut de se dévêtir absolument, ils laissent entrevoir sur des bras, des épaules, des chevilles, des cuisses des dessins terriblement suggestifs. Ce qu’il y a d’intéressant à constater, c’est que ces dessins, ces tatouages, par le trait, la pigmentation, se ressemblent. Les tatoués se ressemblent, il y a sur leur peau quelque chose de l’écaille du serpent. Nus, absolument nus, ils font immédiatement penser à de gros boas qui auraient avalé trois agneaux qu’ils n’auraient pas encore digérés.
– Non, pas trois agneaux, trois moutons, dit ma tante Euphrasie qui exagère toujours et qui d’ailleurs a une prédilection pour les hommes gros qu’elle appelle forts.
En dehors des tatoués, on rencontre aussi beaucoup dans les rues, ou les galeries marchandes (ils aiment beaucoup les galeries marchandes), des sosies très travaillés de Johnny Hallyday. Ils ont passé des heures à se faire coiffer comme l’idole des jeunes vieillissante, à se tailler les poils du visage de la manière que pratiquait le barbier du rauqueur, à dénicher des crucifix du même calibre à faire pendouiller sur leur poitrine velue ou pas, à se vêtir des mêmes fringues. Quand je tombe nez à nez sur un de ceux-là, je lui dis : « Noir c’est noir » ; il a d’abord un sourire de connivence, puis ce sourire tombe car je ne suis pas habillé comme Johnny.
– Quand j’étais jeune, me dit l’oncle Victor, époux malingre de la tante Euphrasie, toutes les filles étaient blondes ; elles ressemblaient toutes, en plus moche, à Brigitte Bardot.
Eh oui, mon oncle, le mimétisme est de toutes les époques, c’est une des passions fondamentales de l’homme, et ces temps-ci, il se porte très bien.