Nous sommes en « guerre ». Après les attentats en Isère, Manuel Valls, lui-même, a lâché le mot. Une guerre dont la violence aveugle se manifeste sans limite. Sur les lointains terrains d’Afrique et du Proche-Orient, mais également tout près de nous, sur notre sol, dans les églises, les écoles, les transports en commun.
Sur le front extérieur : l’État islamique vient de dynamiter le temple hellénistique de Baal, à Palmyre en Syrie, après avoir mis en scène la décapitation du conservateur de ce site classé au patrimoine mondial de l’humanité. Sur le front intérieur : un homme, présenté d’abord comme un « déséquilibré », mais en réalité lié à la mouvance islamiste, a cherché, le 21 août, à provoquer un carnage dans le Thalys reliant Amsterdam à Paris. Si l’intervention héroïque de trois touristes américains a permis d’échapper au pire, il s’en est fallu de peu pour qu’Ayoub El Khazzani ne perpètre un véritable massacre.
Mais la chance ou le courage ne suffiront pas toujours à annihiler les actions d’individus fanatisés et prêts à toutes les extrémités. Le parcours d’El Khazzani, radicalisé en Espagne façon « loup solitaire » et repéré par les services de renseignements, ressemble à celui de ses semblables qui ont récemment défrayé la chronique du terrorisme hexagonal : Sid Ahmed Ghlam, étudiant soupçonné de planifier des attentats contre des églises à Villejuif, dans le Val-de-Marne, ou encore Yassin Salhi, mis en examen pour avoir décapité son employeur avant d’accrocher sa tête à un grillage, entourée de drapeaux islamistes.
La fréquence de plus en plus rapprochée de ces attaques – combien depuis l’équipée sanglante de Mohamed Merah en 2012 ? – devrait imposer une révolution de pensée à nos dirigeants. Il apparaît ainsi de plus en plus nettement que l’idéologie droit-de-l’hommiste qui leur tient lieu de ligne directrice mène à une impasse. La morale incantatoire ne fait pas une politique. Pas plus que le rêve d’une Europe de la « libre circulation des personnes », totalement inadapté à la nouvelle donne mondiale, et qui vire au cauchemar.
Oui, on est en droit de s’interroger sur la présence d’étrangers sur notre territoire dont les liens avec l’islamisme radical ont été identifiés. Il est sidérant qu’Ayoub El Khazzani ait pu, sans être inquiété, monter dans un train avec, dans son sac, un pistolet et une kalachnikov. D’autant plus que l’on apprend que l’homme a fait l’objet d’une fiche « S » – pour « Sûreté de l’État ». Ces fiches, établies par les services de renseignements, permettent de repérer des suspects en cas de contrôle de police. Très bien. Mais quelle est leur utilité si ces individus peuvent aller et venir librement, sans le moindre contrôle, à travers l’Europe sans frontières de Schengen ?
Oui, la coopération européenne est un échec : il faut d’urgence rétablir une surveillance aux frontières et contrôler drastiquement les vagues migratoires – pourvoyeuses de terroristes en puissance – qui submergent le continent.
Oui, les ratés de l’intégration ont favorisé un communautarisme, terreau du radicalisme, qui gangrène nos sociétés.
Oui, le laxisme de la politique pénale est un pousse-au-crime pour des islamistes fanatisés.
Oui, l’intervention en Libye a été une grave erreur stratégique créant, dans le monde arabe, une nouvelle poudrière s’ajoutant aux déflagrations en série provoquée par l’invasion de l’Irak en 2003.
Oui, les relations ambigües que nous entretenons avec certains islamistes à l’étranger sont parfaitement contre-productives et favorisent même les assassins de chrétiens.
Avant de s’attaquer aux causes du terrorisme islamique, commençons par identifier les erreurs tragiques qui ont conduit à cette situation devenue explosive et dont nos dirigeants portent la lourde responsabilité. Qui osera dresser l’inventaire ?