Civilisation
Le Roman de Mildred Pierce
Des coups de feu. Un homme s’effondre et lâche, dans son dernier souffle, le nom de « Mildred » (le « Rosebud » de Citizen Kane jaillit à l’esprit). Le cadre est ainsi fixé.
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Ce n’est pas un roman ; c’est un récit. Il raconte une histoire qui est toute une histoire et qui est tout simplement toute l’histoire. Jean-François Thomas la connaît. Il l’a vécue en quelque sorte par ouï-dire et il veut en laisser le témoignage à la postérité. Tout est là, toute la tragédie du XXe siècle, de la barbarie brune à la barbarie rouge. Dans le refus de Dieu, dans la négation de l’homme ; et la vérité, c’est que ça continue. Tout se passe en Roumanie, dans des paysages paisibles et pourtant tragiques de forêts ; les acteurs croient ; ils sont pieux, instruits. Ils aiment. Gréco-catholiques, Juifs, des Orthodoxes aussi. Toutes les ententes sont possibles, tous les rêves et tous les amours concevables. Sauf que le démon surgit et les âmes doivent choisir. Ce sont ces choix et, bien sûr, toutes leurs conséquences qui sont déterminants. L’atroce persécution s’ensuit. Frappant les Juifs, frappant les Gréco-catholiques. Les méchants sur cette terre semblent toujours l’emporter. Mais leur sort n’est pas enviable. À quoi servent vie, carrière, plaisir, argent, honneur au prix de l’infamie ? Jean-François Thomas le dit d’une plume si élégante mais si ferme que l’âme en est ébranlée. Ce récit est d’une apolégitique bien supérieure à tous les discours œcuméniques. C’est beau, c’est vrai. De tant de tristesse sourd une joie : la foi nous dit qu’elle sera éternelle. n H.C.
Les larmes de la forêt,
Jean-François Thomas, Via Romana, 281 p, 19 €