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Vérité de l’homme, vérité de Dieu

Le Père Jean-François Thomas, auteur bien connu de nos milieux, est jésuite de son état  ; mais, s’il est permis de s’exprimer ainsi, c’est un jésuite de stricte observance  : il croit – et cette particularité le distingue de beaucoup de ses confrères, même fort haut placés – toutes les vérités de foi qui font la substance des Exercices spirituels de saint Ignace, à commencer par un enfer bien réel et qui n’est pas vide, et par conséquent qu’il faut éviter, et un paradis qui n’est pas la cité socialo-écolo-justicialiste de demain qu’il faudrait promouvoir, mais la cité de Dieu qu’il faut atteindre en s’extrayant du péché, et du premier d’entre eux qui est le péché contre l’Esprit, c’est-à-dire contre la vérité. Rien n’est pire que de s’imaginer être au-dessus d’elle et de la juger du haut de son autorité  !

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Vérité de l’homme, vérité de Dieu

Et donc le Père Thomas écrit des essais, des traités de spiritualité et de liturgie d’une grande rigueur philosophique, théologique et mystique qui ont l’avantage d’être clairement, heureusement et agréablement exprimés. Cependant, par goût littéraire et parce qu’il est littéralement passionné par la beauté des êtres, des choses humaines qui sont les reflets des réalités divines, et aussi bien des merveilles de l’art dans toutes ses dimensions et qui font la poésie de l’existence, de la plus humble et la plus fugace à la plus haute et la plus vainement riche, eh bien, il en écrit des romans qui sont pour lui des «  manières de dire  »  : mieux que les baratins politico-religieux des progressistes et des modernistes qui se veulent des exégèses apologétiques, voilà des «  tranches de vie  », pour parler le langage à la mode, qui en disent plus sur l’homme – et sur la femme bien sûr  –, sur l’humanité en général, sur l’amour, l’amitié, le travail, la richesse jusqu’à la plus considérable, la pauvreté jusqu’à la plus extrême, le bonheur, le malheur, la joie, la tristesse, la sagesse, la folie, la politique, l’économie, la finance, et la littérature, la philosophie, la religion, les vocations jusqu’au plus haut sommet de la finance internationale, jusqu’aux plus humbles engagements au service de l’enfance miséreuse, tout est là dans les romans du Père Thomas, dans celui-là en particulier  ; la mort qui donne son sens à la vie, achève le parcours comme elle est au début de toute réflexion, notamment après la disparition de l’être le plus cher qui affecte le fond de la personnalité. L’erreur est de s’enfermer sur soi-même dans l’aveuglement de ses propres jugements  ; sortir de soi pour comprendre l’autre, apprendre de l’autre, s’enrichir de l’autre commence un chemin vers la lumière. La vérité divine rejoint la vérité humaine, comme la miséricorde embrasse la justice.

Un petit point, malgré tout  : le Père Thomas à un moment de son ouvrage classe Maurras dans les polythéistes littéraires qui s’amusent, comme ceux de la fin du XIXe et du début du XXe siècles, dans des jeux d’esthétisme suranné  ; là, c’est une erreur, une très grave erreur. Chez Maurras, c’est beaucoup plus subtil, manière pour lui de mener son combat de vérité. Je suis prêt à expliquer cette étrange et mystérieuse affaire au Père Thomas. Qu’il me pardonne ce mot de la fin qui n’enlève rien à la force de son roman.

Père Jean-François Thomas s.j. L’erreur. En chemin vers la lumière, DMM, 317 p., 21 €

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