L’auteur et l’éditeur, pour une fois d’accord, l’admettent sans fard : ceci est une pochade. Très réussie, et qui dénote une excellente connaissance non seulement de la littérature, classique et contemporaine, mais aussi du marigot qu’est l’édition française. Avec un détonnant mélange d’humour et d’inconscience, Guillaume Lacotte, sous prétexte de vous enseigner les ficelles permettant d’écrire, à moindres frais intellectuels, un livre à gros tirage, dénonce les mœurs de la profession : les nègres (pardon, les « auteurs fantômes » …) sous-payés qui prêtent leur talent et leurs capacités à un quelconque ministre ou sportif, les opportunistes qui recyclent leurs vieux papiers, les gens qui n’ont rien à dire mais pondent un livre que personne ne lira pour raconter leur vie, les succès fabriqués à des fins commerciales, les prix littéraires, et, ce qui s’avère peut-être plus dangereux que le reste, les tics de plume répétitifs des critiques.

Si vous voulez savoir comment écrire, au choix, un polar scandinave, un roman libertin, les faux souvenirs d’un « bourreau nazi », un pamphlet, une auto-fiction, un essai politique, un témoignage, et le reste, suivez Lacote : il sait de quoi il parle, a analysé tous les trucs qui marchent et pousse la complaisance jusqu’à vous fournir les premières lignes de votre chef d’œuvre.

Ce n’est qu’un jeu, certes, une blague de potache, un festival de pastiches mais très intelligent. Reste à espérer que lorsque le jeune auteur voudra passer à autre chose, il trouvera encore un éditeur pour le publier, et des critiques pour rendre compte de ses écrits malgré ce qu’il a dit du métier …

 Guide pratique à l’usage des écrivains qui veulent (très) bien faire sans (trop) se fatiguer, de Guillaume Lacotte, Le Rocher ; 205 p ; 17 €.