Civilisation
Une leçon d’Histoire de France. La Révolution. Textes de Hugo, Michelet, Dumas, Lamartine
Par Maxime d’Aboville. Mise en scène Damien Bricoteaux.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Jérôme Fehrenbach, à qui on doit l’excellente biographie de Mgr Von Galen, l’évêque allemand qui s’opposa publiquement à Hitler, récidive avec celle de Mgr von Ketteler, qui inspira sans doute von Galen, son petit-neveu. Pourquoi ?
Parce que l’évêque de Mayence s’opposa à Bismarck au moment où celui-ci désirait soumettre l’Église catholique avec son fameux Kulturkampf. Von Ketteler était alors député au Reichstag et avait même créé un parti, le Zentrum (qui dégénéra en démocratie chrétienne à l’allemande…). On ne résume pas ces 400 pages minutieuses, modèle de biographie érudite, mais on doit souligner à quel point l’auteur réussit à nous faire comprendre comment son héros, hobereau batailleur devenu évêque mais toujours brûlant de combattre, a embrassé tous les combats de son siècle (la pauvreté, le monde ouvrier, le socialisme, le rôle de l’Église, l’indépendance face à l’État : il inspira de Mun et La Tour du Pin) en se faisant volontairement le héraut polémique des positions catholiques – y compris dans leurs dimensions réformatrices – dans un monde qui cherchait à l’éliminer de l’espace public et politique. On ne peut pas lire cette biographie (qui, intelligemment, fait la part belle aux débats et aux positions respectives des adversaires) sans songer au cardinal Ratzinger, à saint Jean-Paul II, à tous ceux qui ont su affirmer à la face du monde libéral et laïciste la radicale différence de l’Église et sa non moins radicale nécessité pour corriger les erreurs du monde moderne – et je ne parle pas ici d’erreurs intellectuelles mais bien de leurs navrantes conséquences pratiques. Von Ketteler, à travers sa vie finie il y a un siècle et demi en Allemagne, nous parle de la France d’aujourd’hui et sa figure enflammée jette une curieuse lueur sur celles de nos prélats. Pour le dire ainsi, les ennemis de la foi le craignaient et l’admiraient pour sa science, ses œuvres et sa plume : on mesure l’écart. Il ajoutait à ses vertus concrètes le goût de la pauvreté. Il mourut, nous dit Jérôme Fehrenbach à qui il arrive de laisser percer l’écrivain sous la cuirasse du biographe scientifique, « d’épuisement, dans la simplicité d’un couvent de capucins, au milieu des chantiers inachevés, comme un général blessé dans un bivouac quand le sort des armes n’est pas décidé dans la bataille qui fait rage. » La bataille continue, nous avons besoin de modèles.

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