L’Institut Montaigne, depuis trois ans, s’efforce de légitimer un Islam de France, c’est-à-dire un islam qui s’émanciperait de la tutelle étrangère : tutelles idéologique, théologique, financière et militante, exercées par la Turquie et l’Arabie saoudite, les musulmans indiens et les Frères, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc… Dans son troisième rapport, La Fabrique de l’islamisme, discuté ici dans ce dossier, ces influences étrangères sont longuement et précisément disséquées, avec un grand luxe d’informations parfaitement compilées. Et après ? Après, l’auteur du Rapport préconise une manière de concordat entre musulmans de France et État français, concordat complexe et ambitieux, qui va de l’éducation à la diplomatie puisqu’il règlerait les rapports entre la France et les nations musulmanes.
Le Rapport est loin de se limiter à cette seule question, en fait traitée en conclusion comme une réponse au problème, reprise en fait du premier rapport publié il y a déjà deux ans. L’idée fait donc son chemin. Il est primordial de l’aborder, car la reconnaissance officielle d’un islam français aurait des conséquences considérables.
Quels sont donc les présupposés de cette exploration méthodique de l’islam en France ? En quoi ce concordat est-il une bonne ou une mauvaise idée ? Qu’est-ce que l’expérience concordataire de l’Église catholique peut nous apporter dans l’appréciation ? L’État français a-t-il déjà engagé une démarche de normalisation d’un islam qui se veut différent au point d’envisager pratiquement la sécession ? Et, au bout du compte, le concordat est-il le meilleur moyen de lutter contre l’islamisme, en France ? C’est à ces questions que nous avons voulu répondre. Simplement parce que l’intérêt de la France, sa paix intérieure comme son action extérieure, son avenir aussi, son directement impliqués par le surgissement et le grossissement évident du réel problème que pose l’islam en France.
Par Philippe Mesnard