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Trois enquêtes de haute-volée

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Trois enquêtes de haute-volée

Intense plongée

LivreGuerinEn dépit de ses brillants résultats, l’équipe du commissaire Lanester est en sursis : plus de crédits au Quai des Orfèvres pour le profileur. Décidé à prouver l’efficacité de ses méthodes et sous la pression de ses supérieurs, Lanester accepte un dossier en apparence peu prometteur : découvrir ce qu’il est advenu d’adolescentes anorexiques traitées dans une clinique huppée de Haute-Savoie. Malgré la surveillance censée s’exercer sur ces jeunes filles en danger, une demi-douzaine a réussi, au fil des mois, à disparaître de l’établissement. Même s’il est croit avoir affaire à des fugueuses, Lanester enquête. Et ce qu’il découvre ne tarde pas à le plonger dans l’angoisse. Si les jeunes malades ont quitté l’établissement de leur plein gré, au risque de leur vie, tout laisse supposer que les complices de ces « évasions » nourrissaient des buts très éloignés des rêves de leurs victimes … Est-il encore temps de les sauver, et d’arrêter les pervers cachés derrière un prétendu réseau d’aide aux troubles de l’alimentation ?

Lanester, poursuivi par les souvenirs d’une enfance tragique et une hérédité à hauts risques, est un personnage toujours au bord de la rupture, ce qui le conduit à s’intéresser à des gens aussi psychiquement perturbés que lui. Cela peut agacer de le suivre de séance de psychanalyse en longues introspections mais, dans ce volume, pris par l’enquête, le flic pense aux autres autant qu’à lui-même. Cette plongée dans l’univers des maladies mentales et le monde, très glauque, d’une certaine idée de l’art, est parfois oppressante mais le suspense monte crescendo et interdit de poser le livre avant d’en connaître le dénouement.

Françoise Guérin : Cherche jeunes filles à croquer, Le Masque ; 392 p ; 19 €.

Tout en élégance

LivreDuchonLe grand bal du 29 janvier 1856 restera dans l’histoire du Second Empire. Ce soir-là, il suffit à Virginia de Castiglione d’apparaître, revêtue d’une robe à la somptuosité inégalée, pour mettre Paris à ses pieds et devenir la maîtresse de Napoléon III.

Cinq ans plus tard, la comtesse, identifiée comme agent italien, a perdu, avec la faveur impériale, celle du public. Elle végète, appauvrie, presque oubliée, obsédée par la fuite du temps qu’elle tente de retenir en immortalisant sa beauté déclinante devant l’objectif du photographe Pierson. La Castiglione n’est plus rien. La police est donc d’autant plus étonnée lorsque l’on commence à découvrir les cadavres de jeunes femmes égorgés qui, toutes, ressemblaient étrangement à la favorite déchue, pour certaines encore habillées d’une copie de l’extravagante robe bleu glacier du soir de son premier triomphe.

Pour le jeune inspecteur Vladeski, fraîchement entré dans la police, nul doute qu’un malade mental, obsédé par la Castiglione, s’acharne sur ses sosies. Mais comment découvrir ce détraqué alors que, dans le lit de la comtesse se sont, après l’empereur, succédé tous les hommes d’influence de France et d’Europe ? L’un d’entre eux pourrait-il être un tueur ?

Duchon-Doris a le rare talent de marier à une solide intrigue policière une parfaite connaissance du contexte historique et d’écrire une langue superbe, dont l’élégance contraste avec le laisser aller ordinaire des auteurs de romans policiers. Sa plongée dans la haute société du Second Empire, des salons du couturier Worth aux soupers des grandes demi-mondaines, est une éblouissante performance.

Jean-Christophe Duchon-Doris : La mort s’habille en crinoline, 10-18 ; 352 p ; 7,30 €.

Habile scénario

LivreSimonEn ces lendemains de la Grande Guerre, les Français ont envie d’oublier le carnage. Le cinéma, art ou divertissement en pleine expansion, les y aide considérablement. En ce mois de novembre 1919, le succès du moment s’appelle Les Maudits, un feuilleton à rebondissements échevelés qui tient les spectateurs en haleine. La police aussi depuis qu’un maniaque, ressemblant à l’un des personnages du film, égorge des jeunes femmes blondes sosies de l’héroïne durant la projection …

Le jeune inspecteur François Claudius Simon, en passe de devenir l’un des meilleurs limiers de la PJ, se remet en chasse. Avec d’autant plus d’ardeur que toutes les pistes convergent vers Frédéric Valfandier, le séduisant psychiatre, héritier des Assurances la Fraternelle et de la firme de cinéma Lighthouse, qui, pendant que Simon était au front, lui a volé sa fiancée.
L’inspecteur est cependant trop honnête pour laisser une rancune personnelle l’aveugler …

Prévost poursuit une série policière joliment troussée qui vaut avant tout par l’atmosphère, bien rendue, du Paris des années 20, encore profondément marqué par l’horreur de la Première Guerre Mondiale, et riche en déséquilibres de toutes sortes. On s’y laisse prendre, et l’on se dit que cela ferait un film tout à fait acceptable.

Guillaume Prévost : Le quadrille des Maudits, Nil ; 362 p ; 20 €.

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