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Transportés en Irlande

L’identité culturelle est parfois revendiquée par certains, notamment en ce qui concerne les civilisations amazoniennes, mais souvent vilipendée lorsqu’il s’agit d’une histoire proche de nous depuis des millénaires. L’Irlande s’est exprimé dernièrement sur la sauvegarde de sa culture qui semble être menacée.

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Transportés en Irlande

L’histoire tragique de cette île depuis de le XIVe siècle est évoquée sous forme théâtrale, chorégraphique et musicale par une compagnie déjà connue et reconnue dans un spectacle ébouriffant, Spirit of Ireland. Une histoire, des personnages, en un temps précis et dans un lieu unique : une soirée dans un pub irlandais. Le pub, après l’église, est le centre de vie d’un patelin irlandais, patelin ou capitale de l’âme irlandaise.

Le monsieur Loyal, ou plutôt le coryphée de cette grande fresque, est le patron du pub, Paddy Flynn. Au cours de cette soirée, sous forme de cérémonie festive, le tenancier de ce bar, ou plutôt le chevalier défenseur de son château, va transmettre l’édifice et l’âme des murailles de son fief à son fils. Sketchs et chorégraphies multiples s’enchaînent dans une suite échevelée, le tout rythmé par les claquettes ou tap dance, portées par les danseurs. Tout d’abord façonnées de bois, fixées sur la pointe et le talon de leurs souliers, elles permettaient aux paysans de communiquer d’une vallée à l’autre en frappant sur des troncs de bois vide. Le danseur est devenu aussi un percussionniste, et ainsi est née la gigue irlandaise. À la suite de l’émigration irlandaise vers les États-Unis, causée par la répression d’Albion et de terribles famines, cet art premier, nommé sean nós (style ancien), utilisera la claquette avec l’ajout d’une pièce métallique aux extrémités des souliers et donnera lieu à la grande mode des films et comédies de Broadway illustrés par de grands danseurs comme Fred Astaire ou Gene Kelly, Ginger Rogers, Cyd Charisse… et tant d’autres.

Pub mythique, rythme et enivrés et joie communicative

La suite des tableaux, soutenus en arrière-plan par des photographies des paysages irlandais sauvages et abrupts, nous permet de découvrir un univers musical nourri de mélopées soulignées par la présence de violons et d’instruments musicaux locaux comme la cornemuse irlandaise, connue sous le nom d’union pipe, ou le piob mór, une cornemuse encore plus ancienne, instruments gaëliques furent interdits par les Anglais qui allèrent jusqu’à condamner à mort ceux qui en jouaient. En parallèle les interventions pianistiques soulignent les différents thèmes du récit. Les chorégraphies, certes parfois répétitives, sont spontanées et soutenues par un corps de ballet qui pratique les différents styles de ce type de danse, Tap/Touch, Step, Stomp, Stamp, Brush, et le Ball change, changement de pied, liste loin d’être exhaustive…

Dans cette fresque on appréciera les costumes légers, aériens, qui habillent nymphes et sirènes, toutes ravissantes, surgies des lacs et de l’Atlantique. En connivence avec le public, devenu par extension la clientèle de ce pub mythique, nous sommes emportés par le rythme et enivrés par cette joie communicative. Ce spectacle haut en couleur est distribué sur la France entière, au cours d’une tournée de plus de deux mois qui visitera toutes nos villes avec une escale à Paris. On ne saurait s’y rendre sans songer à relire la pléiade gaëlique, qui embrasse Samuel Beckett, Seamus Heaney, James Joyce, Frank O’Connor, G.B. Shaw, Oscar Wilde ou, mieux encore, faire un voyage avec Jonathan Swift.  Et à la fin du spectacle, on pourra aller déguster un breuvage dans un endroit enfumé en souvenir du chauffeur d’un Taxi Mauve, qui a tant aimé l’Irlande.

Le programme, s’étendant de mars à avril, est consultable ici.

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