Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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On l’ignore mais les naturalistes se révèlent parfois, outre des savants distingués, de délicieux conteurs. Lorsqu’ils ajoutent à ce talent, tel Xavier Carteret, celui de dessinateur, l’enchantement est complet. Pourtant, rien de réjouissant, de prime abord, dans le sujet de ce petit livre très sérieux, accompagné d’admirables planches en couleur, puisqu’il traite des différentes espèces de champignons vénéneux, de l’art de les distinguer, par la vue, le toucher, l’odeur ou le goût, de leurs proches parents comestibles, des effets, en général abominables, des intoxication qu’induit leur ingestion … Et pourtant !
Si cet ouvrage savant devrait être la bible de tout mycologue, amateur ou professionnel, et des pharmaciens, il se révèle d’une érudition prodigieuse, d’un style délicieux et d’un humour, noir, irrésistible. En le refermant, encore sous le choc des symptômes des syndromes résinoïdien, panthérinien, proximien, phalloïdien, et j’en passe, vous regarderez avec une méfiance définitive tout champignon, fût-il de Paris – on s’empoisonne aussi avec, en grande quantité, il est vrai …- qui croisera votre route mais vous ne pourrez vous empêcher de répéter avec une délectation morbide ces litanies de la mycologie : « paxille enroulé, russule émétique, amanite panthère, entolome livide, bolet Satan, gyromitre, pézize en couronne, cudonie en cercle, agaric jaunissant, clitocybe trompeur, tricholome doré, amanite jonquille, hypholome en touffe, inocybe de Patouillard, petites lépiotes mortelles » vénéneuses et fascinantes comme du Baudelaire…
Les champignons mortels d’Europe, de Xavier Carteret, Klincksieck, 192 p., 19 euros.