Civilisation
Juste un souvenir
Avec Myriam Boyer. Mise en scène de Gérard Vantaggioli. Avec la participation de Philippe Vincent
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
C’est une leçon bien originale et ludique que nous dispense Xavier Lemaire sur l’art de la mise en scène. Le spectateur, tout ouïe, découvre les questions/réponses de notre conférencier concernant l’articulation d’une pièce de théâtre. Que serait, en effet, une pièce de théâtre sans metteur en scène ? Son rôle n’est-il pas essentiel dans la lecture du texte, le choix des décors, des costumes et, surtout, celui des comédiens ? Pour illustrer son propos, Xavier Lemaire nous présente trois versions de la première scène du Médecin malgré lui de Molière, selon les grandes conceptions. D’abord classique : Martine et Sganarelle en habits d’époque dans le pur esprit commedia dell’arte. Puis symboliste : une version épurée dans le langage comme dans la gestuelle, assez déroutante, invitant à un véritable déchiffrement. Et pour finir une version contemporaine à l’excentricité folle, où les protagonistes, transposés dans notre époque, sont des « sdf » affublés d’un fort accent picard, l’accent de Molière ! Trois propositions d’un metteur en scène dont les choix, comme il doit le savoir, engagent le sens d’une œuvre qui n’est pas la sienne. Néanmoins, intelligent et jubilatoire, ce spectacle à l’allure universitaire, porté par la prouesse époustouflante d’Isabelle Andréani et Franck Jouglas, pose une question : pourquoi monte-t-on une pièce ? pourquoi va-t-on au théâtre ? Pour la recherche d’un répit dans nos vies ? En tous cas, pour un partage avec les autres.