Madame Marguerite est une maîtresse qui met tout son cœur pour parfaire l’éducation de ses élèves. Très investie dans sa mission, elle les éveille, les réveille et bouscule. Ses cours sont de vraies leçons de vie, pleines d’émotion et de vérité – reste la façon d’enseigner, très discutable. Il ne s’agit pas d’un monologue mais d’un dialogue avec le public réduit à des élèves de septième. Aussi terrifiante qu’angélique, elle aborde tous les sujets et à son mot d’ordre obéir, personne ne doit broncher sinon c’est « Waterloo dans la classe ». Que ceux qui n’ont jamais été terrorisés par un prof lèvent le doigt ! Nous partageons cette classe comme si nous y étions, tour à tour impressionnés par ses tirades sur les adverbes, noms et verbes, et effrayés face à tant de folie car Madame Marguerite s’autorise tout. On voudrait la rejeter et cependant elle finit par attendrir car ses outrances, signes d’un profond désespoir, sont les béquilles qui la tiennent debout. La mise en scène énergique de Michel Gies met en lumière l’importance de s’instruire pour s’affranchir de tout pouvoir et plus encore de l’abus du pouvoir dont Madame Marguerite est l’incarnation. Une pièce forte, féroce, dont Émilie Chevrillon s’empare avec brio.

Théâtre Essaïon, 6, rue Pierre au Lard, 75004 Paris

Réservation : 01 42 78 46 42