Seul sur scène, Pierre-Olivier Mornas nous livre les grands moments de l’œuvre. Dans une prestation époustouflante, il montre un Rabelais humaniste accompli. Sous forme de discours, il incarne tous les personnages, de la naissance à l’enfance de Gargantua jusqu’à l’arrivée de Ponocrates, précepteur héritier de Socrate qui enseignera à son élève les arts, les lettres, l’art de gouverner en y ajoutant les sports, reprenant l’adage « Mens sana in corpore sano ». Une culture encyclopédique à la mesure d’un géant assoiffé de savoir dont Dieu n’est jamais absent car, comme le dit Rabelais, « science sans conscience (c’est-à-dire sans morale) n’est que ruine de l’âme. » Gargantua s’ouvre au monde, devenu roi il abandonne ses études pour faire la guerre, qu’il remporte aidé par le moine Jean des Entommeures qu’il remerciera en lui offrant la fameuse abbaye de Thélème, dont la devise, « Fay ce que vouldras », suppose une grande confiance en la nature humaine, à condition que chacun soit cultivé selon les principes humanistes. Derrière le comique et le burlesque, nous sommes invités à devenir des extracteurs de quintessence : « rompre l’os et sucer la substantifique moelle ». Rabelais fait de l’homme le centre du monde et lui offre ses conceptions humanistes sur le gouvernement, l’éducation, tout un art de vivre. Sous la direction d’Anne Bourgeois, Pierre-Olivier Mornas nous restitue avec éloquence et générosité la verve truculente de l’auteur. Un bon moment de théâtre.

Théâtre de Poche, 75 Boulevard du Montparnasse, 75006 Paris. Réservation : 01 45 44 50 21