Depuis au moins quatre possesseurs de l’appellation, le Président de la République se sent obligé d’assister aux prestigieux matchs de football et autres sports.
On se dit : « Qu’est-ce qu’il fiche là ? Il ne serait pas mieux à travailler à l’Élysée ? » Et si encore il restait une minute, par politesse à l’endroit du public, comme cet autre homme politique qui clame : « Vous n’arriverez pas à tromper l’électeur, l’électeur est bien trop intelligent », alors qu’in petto il pense que l’électeur est un con. Mais non, il reste tout le match et au-delà. Et si encore il se contentait d’assister, tout en pensant à autre chose. Mais non, il participe, il saute en l’air quand l’équipe chouchoute a marqué un but ; retombé sur ses pieds, il tourne dans tous les sens un sourire large et des yeux pétillants ; ou au contraire, il lève les bras en l’air pour prendre les dieux à témoin, il s’arrache les cheveux quand l’équipe chouchoute rate un but ou en encaisse un. Il n’est pas impossible qu’après le spectacle, il s’attarde à la buvette pour s’enfiler une bière au milieu des supporters tout farauds.
Mais, dira-t-on, le bon peuple a besoin de César pour présider aux jeux du cirque. Eh bien, que le Président de la République appelle César et se décharge sur lui de la tâche accaparante de présider aux jeux du stade. César pourrait bien être un roi, un prince. J’ai déjà vu le roi d’Espagne ou le duc de Kent assister laborieusement à des compétitions sportives, avec dignité certes, sans sauter en l’air ou se mettre à nu le cuir chevelu. Ce serait attribuer au roi une première utilité. Digne, durable, retenant son exubérance et ses partialités, il incarnerait mieux la France qu’un président balançable et qu’une partie des supporters a toujours envie de siffler. Adressons donc une supplique passionnée au président de la République : si, par miracle, il veut enfin travailler au bien de la France, pour permettre au roi de présider la finale de la Coupe de France et de suivre toute une étape du tour de France dans la voiture acclamée du directeur de course.