Civilisation
Si le cheval m’était conté… au féminin
Des confins de l’Asie aux hippodromes français en passant par les palais moscovites et les portes d’Orléans…
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Notre ami Jean des Cars sait tout des familles royales européennes. Mais, en plus, il a l’art de le raconter.
On l’écoute des heures durant ; on le lit des jours entiers. C’est qu’il ne manque pas d’anecdotes qui s’enfilent les unes après les autres avec la vivacité d’une langue alerte. Il donne ainsi un sens à son récit aussi bien psychologique que politique, un travail tout en finesse qui illustre son propos mieux que toutes les démonstrations et qui fait entrer avec délicatesse dans l’intimité, et jusque dans la manière de voir, de ces personnalités que leur naissance a mises, d’une certaine façon, à part.
Là, il s’intéresse, comme il l’a toujours fait, mais de manière plus singulière encore, à celle qui reste pour le monde entier la Reine, Elizabeth II. C’est un hommage qu’il lui rend en parcourant sa vie depuis la petite princesse, fille aînée, mais d’un cadet, qui a tout pour être simplement heureuse, jusqu’à la reine qui fête son jubilé de platine en 2022, après 70 ans de règne.
Et quelle vie ! Elle a tout connu : l’avant-guerre où l’Angleterre jouait un rôle mondial de premier plan avec son immense empire et où elle va se rapprocher de la couronne, la première du monde, par l’abdication du frère aîné de son père ; la guerre où elle a rempli son rôle, en rendant service comme toutes les femmes anglaises, mais en donnant l’exemple du dévouement et du courage ; l’après-guerre difficile mais où elle réalise son vœu d’amour unique et exclusif avec le prince Philip et où elle accepte d’être tout à coup celle qui ne s’appartient plus parce qu’elle est investie de la plus haute charge et de la plus noble dignité. Jamais elle ne dérogera. Elle sera toujours exacte, fidèle à sa fonction dans les heurs et les malheurs, dans toutes les circonstances, politiques, familiales. Oui, elle aura tout connu du XXe siècle et du XXIe siècle commençant. Son premier Premier ministre fut Winston Churchill qui fut quelque peu son mentor, fidèle d’entre les fidèles à sa Reine, jusqu’à Liz Truss qu’elle reçoit à Balmoral deux jours avant sa mort.
Appliquée à son devoir d’état avec une conscience scrupuleuse, femme de foi comme l’ont d’ailleurs montré ses funérailles, organisées par elle point par point selon le traditionnel protocole, elle n’a jamais failli dans sa tâche, même si elle a pu commettre des erreurs d’appréciation ; de telle sorte qu’elle était par sa présence même, par l’influence prodigieuse de sa seule personnalité, le principe d’unité de son royaume, comme de l’ensemble des pays qui relevaient de sa couronne, mais même au-delà dans le monde. Les Français depuis le moment où ils l’ont connue, se sentaient royalistes avec elle ! Ses réceptions en France furent des triomphes, comme partout dans le monde. Elle savait se tenir ! Ce qui devient de plus en plus rare chez les chefs d’État.
Et, pourtant, elle eut à affronter mille difficultés, dans son plus proche entourage d’abord. Jean des Cars raconte, avec tact, en particulier l’annus horribilis. Elle a finalement triomphé de tout. Même des méchancetés les plus grossières. Lisez Jean des Cars. Un superbe livre, très joliment présenté, fort bien tourné. De la grâce et du style. C’est un plaisir tant ces qualités nous font défaut aujourd’hui.