Radié de la police pour une négligence qui entraîna la mort de son coéquipier, Mitch Tobin, sans travail, s’enfonce dans la dépression. Lorsque le directeur d’une maison de réinsertion pour anciens malades mentaux lui demande de l’aider à découvrir qui, parmi ses fragiles pensionnaires, s’amuse à provoquer des accidents de plus en plus dangereux, Tobin se dit que cette « cure » lui fera peut-être du bien. Le problème est que rien ne va se passer comme prévu. Victime d’un des « accidents » en question à peine arrivé, handicapé par un bras cassé, sa couverture éventée, l’ex-flic se retrouve dans une situation franchement impossible quand le maniaque finit par tuer l’une de ses victimes.

Paru en 1970, le roman du très prolifique Donald Westlake a pris un gros coup de vieux, ou, plutôt, il souligne durement combien le monde a évolué au cours des quatre décennies écoulées. Qui s’aviserait aujourd’hui de traiter comme des psychopathies l’homosexualité, la nymphomanie, les frustrations sexuelles, causes de l’internement de la plupart des pensionnaires de l’établissement ? Une autre société, une autre morale se sont établies à la place de l’ancienne et, en dépit des authentiques qualités du récit, le lecteur actuel se sent presque aussi dépaysé que dans un roman de Poe …

La pomme de discorde, de Donald Westlake, Rivages Noir, 250 p., 7 euros.