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Plots, plots, plots, plots

La rue française a bien changé. Naguère, bordée de deux trottoirs, elle allait d’une largeur égale et pépère.

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Plots, plots, plots, plots

Aujourd’hui, elle est pleine de décrochements, d’écluses, de chicanes, de cassis, de coussins berlinois et ses trottoirs sont couverts d’une forêt de plots et/ou de piquets1. Cela présente de nombreux avantages.

D’abord, pour le garagiste et principalement pour le carrossier. En effet, ces plots et piquets sont si abondants, si judicieusement placés qu’il est difficile de les éviter tous. L’automobiliste, à qui on répète sans arrêt qu’il ferait mieux d’aller à pied, d’avoir une mobilité citoyenne, a le plaisir d’avoir fréquemment des portières neuves et de voir ses paiements à l’assurance augmenter.

Heureusement, le plot vint

Deuxièmement, ces plots et/ou piquets sont secourables au piéton. Celui-ci, brusquement effrayé par un klaxon intempestif ou le cri d’une féministe, sursaute, que dis-je ? saute, est pris d’une sorte de danse de saint-guy qui pourrait aboutir à sa chute, mais heureusement, le piquet salvateur est là, il s’y raccroche avec reconnaissance.

Enfin, le gendarme, le policier de naguère, était occupé presque exclusivement à verbaliser l’automobiliste qui se garait salement sur le trottoir ; il faisait une consommation effrayante de papier et de pointes Bic ; si cette situation avait perduré, troquant le carnet contre une tablette, il eût usé ses bouts de doigts à pianoter. Heureusement, le plot vint. Délivré de cette tâche subalterne, le policier peut se livrer à des actes autrement joyeux. Il s’occupe désormais de la sécurité des villes et des campagnes. Grâce au plot, nous vivons dans un monde édénique où il n’y a plus agressions, cambriolages, trafics illicites, etc. Nous vivons dans nos rues et nos maisons l’âme apaisée.

 

1 Ces derniers objets portent sans doute un nom somptueusement administratif, mais je ne veux pas le savoir.

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