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Philippe Henriot, la voix de la Collaboration

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Il est des noms frappés d’infamie ; celui de Philippe Henriot en fait partie. Pourtant, rien ne prédisposait ce fils de bonne famille champenoise, catholique fervent, professeur d’école libre dans le vignoble bordelais lors de la séparation de l’Église et de l’État, à entrer en politique, encore moins à s’engager en 1942 dans la Collaboration la plus outrancière avec l’occupant nazi.
S’attacher au destin d’un « maudit » sans se borner à hurler avec les loups demande courage intellectuel et probité. Pierre Brana et Joëlle Dusseau, co-auteurs de cette biographie, n’en manquent pas.
Henriot a un parcours heurté, de la FNC du général de Castelnau dans les années 20 à la Chambre, où il s’illustre par ses talents d’orateur et la violence de ses interventions, sous l’étiquette de l’Union Populaire républicaine. En 1940, alors que sa carrière semble derrière lui, ses outrances ayant fatigué ses électeurs girondins, il se rue à Vichy dans l’espoir d’y retrouver une place, se heurte à l’antipathie que lui portent, pour des raisons divergentes, le Maréchal et Laval. On l’emploie, car il a du talent, mais le moins possible. Son entrée à la Milice, ses prises de position en faveur de la « croisade anti-bolchevique » incitent les Allemands à l’imposer comme ministre de la Propagande. Entre le 7 janvier 1944, date où il prend ses fonctions, et le 28 juin suivant, où il est assassiné, Henriot a le temps de démontrer l’immensité de ses capacités d’homme de radio, au point d’inquiéter Londres qui organisera sa liquidation.
En retraçant cette carrière, ses biographes ne posent aucun jugement. Peut-être faut-il regretter qu’ils n’approfondissent pas certains aspects propres à éclairer la dérive de l’homme. S’ils répètent qu’Henriot est catholique, ils ne se demandent pas si, passée sa jeunesse, il continue à pratiquer, quelles sont ses convictions réelles et la qualité de sa vie spirituelle. Pas davantage jusqu’à quel point, emporté par ses passions, ses haines, son verbe, il mesure la portée de ses mots, lui qui parle beaucoup mais agit peu, ni, étranger aux réalités tragiques du combat, le mal qu’il fait …
Il y a chez lui des parts d’ombre et de lumière, le pire et le meilleur. Reste qu’il lui manque une doctrine politique sérieuse. Henriot fut l’une des rares personnalités de sa génération jamais passée par l’Action française. Cela explique en partie la suite …

Pierre Brana et Joëlle Dusseau : Philippe Henriot, la voix de la Collaboration, Perrin ; 400 p ; 24 €

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