Stello est chef d’État : il est le régent de la Sonora, province mexicaine qui fit sécession.
La mort le hante, le « chœur des fantômes des avortés » et le « chœur des fantômes des morts des guerres » et le « chœur des grandes compagnies » dialoguent avec lui. Le monde n’est plus qu’un immense champ de batailles anciennes et perdues : « Oui, Docteur Noir, nous avons vu sombrer le monde ; / Tout s’est effondré parmi la nuit profonde, / Et de ce qui fut nôtre un jour, au ciel lointain, / De tout ce qui fut nôtre il ne reste plus rien. » La Sonora est une tragédie en vers au souffle singulier où Jean Hautepierre se livre à une méditation métaphysique sur la civilisation, la culture et le destin, c’est-à-dire ces hautes figures de capitaines ou d’aventuriers qui donnent à l’histoire un sens tragique et voient approcher l’échec et la mort sans trembler car la cause qu’ils servent est belle, surtout s’ils se la sont donnée. Ce sens tragique de l’histoire, que l’auteur explore dans toute son œuvre, donne à ses vers une belle densité qui les hausse facilement au rang de parabole.
Jean Hautepierre, La Sonora. Les éditions de l’œil du sphynx, 2024, 68 p., 12 €
