On connaît Georges Darien pour Biribi, “roman” où l’auteur raconte en fait ses trois ans de bagne militaire en Tunisie, et Le Voleur, adapté par Louis Malle. Le premier eu un petit succès, le second à peine une certaine fortune critique.
Entre les deux, Darien lança L’Escarmouche, un hebdomadaire de huit pages qui a tout de l’anarchiste enragé : insuccès complet. Bruno Lafourcade, qu’on sent saisi devant le destin de ce pamphlétaire perpétuellement en échec (Darien meurt « largement oublié, sans avoir été très connu ») a recueilli les onze numéros de la feuille de chou et nous les livre, un peu émondés (sans les échos à l’actualité si passée qu’ils ne sont plus qu’obscurité), soigneusement annotés, au venin encore frais, à l’indignation glacée intacte, à l’ironie très acide. C’est toute la IIIe République de 1893-1894 (Panama date de 1892) qui défile devant nous, entre scandales et forfaitures, discours honteux et élections foireuses. On est aux premières loges et le document, si historique soit-il, est d’une « curieuse actualité », comme on dit.
Georges Darien, L’Escarmouche. Notes et préface de Bruno Lafourcade. La mouette de Minerve, 2023, 220 p., 15,90 €