Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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France. La dialectique colonisation/décolonisation, qu’on aurait pu croire hors d’âge, à voir la situation actuelle des anciens pays coloniaux, tente pourtant toujours de reprendre du service, notamment à l’ONU et dans les officines spécialisées habituelles.
Le petit monde macronien peine à s’en arracher. On n’a pas oublié les fameuses déclarations présidentielles y dénonçant un « crime contre l’humanité ». En écho, Edouard Philippe, se rendant au Vietnam, s’y est révélé incapable de tenir à ce peuple encore sous le joug un langage d’avenir. Et la Nouvelle-Calédonie vient encore d’offrir à la colonialophobie de papa un prétexte pour s’ébattre.
Le référendum voulu par les accords de Nouméa de 1988, ambigu dans son principe, l’a été aussi dans son résultat. Avec plus de 56 % de refus de l’indépendance, l’affaire paraît pourtant entendue. Mais chacun voit à quel point ce résultat souligne la division de l’île : il y a des vainqueurs et des vaincus. Ceux-ci, assimilés à l’ensemble de la population kanak, rêvent naturellement de revanche. Le petit jeu des pronostics – qu’ils soient déjoués ou non – est aussi de nature à entretenir ce climat de division partisane.
Ce genre de consultation, contrairement à ce que croient les esprits superficiels, n’est pas la solution de fond. Celle-ci passe nécessairement par la claire affirmation de la France de poursuivre son œuvre en Nouvelle-Calédonie, en s’adaptant aux réalités actuelles, et en dessinant pour l’ensemble de la population de l’île un avenir collectif respectant les traditions locales auxquelles elle est attachée.
La voix et la voie de la France n’ont aucun mal à s’exprimer quand les objectifs sont clairs. L’action du sénateur Pierre Frogier en est l’un des signes les plus manifestes. Ancien président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, ancien député, et représentant aujourd’hui son territoire au Sénat, il n’a cessé de prôner et mettre en œuvre des mesures tendant à rassembler la population de l’île autour d’objectifs communs. Aujourd’hui, il cherche une formule constitutionnelle pour empêcher que se renouvellent ces référendums facteurs de discorde et d’animosité. Que nos parlementaires le suivent serait une marque éclatante de lucidité.
Si la prospérité de la Nouvelle-Calédonie repose d’abord sur l’expression d’une volonté de la France d’assurer l’avenir de ce territoire dans le cadre national, cela implique aussi que les Néo-Calédoniens puissent gérer leurs affaires propres en s’appuyant sur une décentralisation raisonnée. Ce que les institutions républicaines ont le plus grand mal à faire : la logique jacobine finit toujours par reprendre le dessus dès que surgissent les difficultés. Et lorsque « ça casse », lorsque le carcan étatique fait la preuve de son inadaptation aux besoins, c’est alors que la tentation est grande, pour les autorités de l’État, de tout lâcher. La logique de l’abandon s’installe dans les têtes avant de s’imposer dans les faits et de laisser le terrain dévasté.
Il est tout à fait temps de réagir, la situation de la Nouvelle-Calédonie s’y prête. Ce n’est qu’en portant ouvertement la présence de la France dans le Pacifique sud livré aux appétits féroces de la mondialisation que Kanaks et Caldoches pourront se créer un avenir commun.