Pierre de Meuse dit et écrit ce qu’il pense. Remercions-le de cette sincérité. Il s’agit pour lui, à l’évidence, d’une opération de purification, une sorte de catharsis. Pour lui-même d’abord, pour ses amis ensuite.
Pour lui-même parce qu’il veut s’assurer ainsi qu’il n’a pas failli, ni vis-à-vis de lui-même et de son éthique personnelle, ni vis-à-vis de ses convictions profondes qu’il se réaffirme à lui-même par un tel procédé de démonstration, dans une sorte de conformité à ce qu’il est et a toujours été, et à ce qu’il pense et a toujours pensé. Cette doctrine qui enchaîne constats et raisonnements, lui permet de formuler et de se reformuler à lui-même l’exposé systématique de ce qui prend chez lui les dimensions d’une vaste vérité, non pas religieuse ou idéologique, mais en quelque manière philosophico-sociologico-historique, doctrine qui a l’avantage de donner une explication générale – qui semble satisfaisante pour un esprit rationnel – de l’évolution du monde depuis l’antiquité préchrétienne jusqu’à nos jours, le christianisme, sous toutes ses formes, étant inclus dans l’explication. Et, donc, la dérive et la décadence gaucharde de notre pays, de l’Europe, de l’Occident trouve là son origine, ses ressorts actuels, sa raison systémique que le dogme contemporain de l’antiracisme définit parfaitement avec toutes ses composantes et ses corollaires, et pour ainsi dire sa finalité globale, l’Occident s’autodétruisant lui-même par ses propres principes universalistes.
Ayant une telle vue synthétique – et donc dominante –, il est clair qu’il devient possible et nécessaire d’élaborer des stratégies, sinon des solutions, et d’énoncer des conseils pratiques pour ne pas tomber dans le vice du système actuel qui consiste, sous le fallacieux prétexte des obligations contingentes d’adaptation et d’intelligente soumission, à ramener toute pensée à l’unique pensée qui façonne aujourd’hui la société, depuis les contraintes juridiques jusqu’à l’intime de la conscience, et qui fabrique comme l’ont bien vu nombre d’auteurs perspicaces le plus formidable totalitarisme intellectuel qui ait jamais été conçu. Et, donc, Pierre de Meuse se soucie aussi de ses amis. C’est pour eux qu’il écrit, pour les mettre en garde contre toutes les compromissions. D’où l’impérieuse nécessité de se purifier.
Reste à sauver la France
Autant on reconnaîtra volontiers les constats que l’auteur aligne avec brio, bien qu’on eût aimé d’autres références que celles des Renaud Camus (et consorts) et qui sont aussi variées que nombreuses et autorisées, autant il est difficile d’adhérer à une sorte d’alchimie intellectuelle où se mêlent socratisme, christianisme, lumières, progressisme et modernisme pour donner au final un précipité d’antiracisme virulent et venimeux. Notre ami Pierre de Meuse ne sait pas ce que c’est que la foi catholique. Il ferait mieux de simplement le reconnaître et de s’enquérir. Ses thèses sont proches de celles qu’énonçait une prétendue Nouvelle Droite.
Tout l’argumentaire vise à dissoudre la foi catholique dans un bain d’acide philosophico-historique qu’alimente une trompeuse érudition. Bien inutilement, mais quelle responsabilité ! Pardonne-moi, cher Ami, et permets-moi à mon tour de te mettre en garde. Le principe d’hérédité que tu défends, n’a pas besoin de tels arguments. Et, enfin, arrête de justifier le largage de l’Algérie qui fut une honte, et le lâchage de l’Afrique qui fut une bêtise. Loin de résoudre les problèmes, cette politique idiote et criminelle n’a fait que les accentuer. À preuve ! Il fallait trouver d’autres solutions qu’évidemment la République n’avait pas. Reste à sauver la France, cette œuvre est assez difficile et exaltante pour nous contenter. Comme autrefois.
Pierre de Meuse, Le dogme de l’antiracisme, Origine, développement et conséquences, Préface de Bernard Lugan, DMM, 278 p., 21,50 €